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qu’en leur offrant de les recevoir dans son sein lorsqu’ils se présenteront pour lui demander des Constitutions.

La pensée secrète de Martinez, outre le désir ambitieux de traiter avec la Grande Loge de puissance à puissance, était de rallier ses fondations aux associations maçonniques françaises, afin d’y infiltrer ses doctrines occultes ; tout en souffrant de son isolement, il ne travaillait pas avec moins d’ardeur à se faire dans les loges françaises des prosélytes dévoués, et il y réussissait. Dans une lettre postérieure à celle que je viens de citer, il revient à la charge auprès de la Grande Loge de France, au nom de la concorde que son silence pourrait troubler, réclamant de nouveau des pouvoirs et des instructions :

« Votre silence, dit-il, peut faire naître la méfiance et allumer le flambeau de la discorde parmi nous ; malheur d’autant plus à craindre qu’ayant, dans mon temple, plusieurs membres de la Loge Française, il semble, par là, lui être devenu suspect. J’ai aussi appris que deux autres Loges avaient pris des délibérations pour refuser l’entrée à ceux de mon temple qui pourraient aller les visiter. Veuillez donc, Très Honorables et Très Puissants Maîtres, par votre Toute-Puissance, me mettre à portée, par le premier courrier, de dissiper les nuages qui semblent vouloir obscurcir cet orient, en me favorisant de vos pouvoirs et des instructions que je demande par mes précédentes lettres. »

Le 13 août suivant, nouvelle supplique du frère Martinez-Pasqualis à la Grande Loge, afin d’obtenir des pouvoirs pour constituer les trois Loges clandestines de cet orient au nom de la Grande Loge, puisque ces ateliers ont le mauvais goût de ne pas se laisser constituer en vertu des pouvoirs qu’il tient de la Loge de Stuart.

On le voit, ce n’était pas sans rencontrer de violents obstacles que dom Martinez exerçait son apostolat maçonnique, et essayait de constituer, d’après ses principes, des loges « qui avaient travaillé depuis douze ans sans aucune espèce de Constitution, et qui ne voulaient dépendre d’aucune loge de France ou d’Angleterre. »

Ces résistances irritaient et exaspéraient dom Martinez, qui de plus en plus affichait les prétentions de maître-souverain et de grand-pontife de la maçonnerie. Quelques loges s’étant permis de mettre en doute son autorité et de refuser l’entrée de leurs temples aux maçons illuminés, un violent réquisitoire fut dressé contre elles par un abbé Bullet, aumônier au régiment de Foix ; un arrêt solennel, très longuement motivé, fut rendu au Grand Orient de Bordeaux, « dans le sein de la Grande Lumière, pour être mis à exécution des lumières mystérieuses de l’Ordre le 20 octobre 1765 », et exécuté dans ledit temple des Élus Écossais ; « et les loges l’Amitié Allemande et la Parfaite Union ont été biffées, bâtonnées, lacérées,