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Enfin, lorsqu’un de ces messieurs est accablé par les preuves qu’on met sous son nez, il s’en tire en répliquant que les ateliers androgynes ne sont pas des loges régulières.

C’est à M. De La Rive que j’emprunterai, pour terminer, l’explication très exacte, qu’il convient de donner sur ce dernier point :

« Les loges masculines qui s’annexent une loge de femmes, pratiquent, à leur gré, dans l’atelier-annexe, tel ou tel rite androgyne, soit d’origine ancienne, soit d’origine moderne, soit même créé spécialement pour l’atelier (ceci lorsque le Vénérable vise à faire du nouveau). Il n’y a aucune OBLIGATION de RÈGLE à cet égard, et c’est pour cela que, dans divers comptes-rendus de congrès maçonniques, on dit, en parlant de loges de femmes ou loges mixtes, qu’elles ne sont pas régulières. Cette expression a été imaginée précisément pour dérouter les profanes dans la question de l’existence des loges de femmes ; la maçonnerie se donne ainsi l’air de décliner toute responsabilité à leur sujet. Elle semble dire, et ce langage vise les profanes : « Si des loges androgynes existent par hasard, le Suprême Conseil (ou le Grand-Orient) les ignore ; elles ont été constituées en dehors de son initiative ; elles fonctionnent à son insu et sous la responsabilité personnelle des Vénérables ; donc, s’il y en a, comme le prétendent nos adversaires, ce ne sont pas des loges régulières. »

« Mais, en disant cela, les chefs maçons jouent sur les mots, selon leur habitude, et, en réalité, le sens vrai est que ces loges ne sont soumises à aucune règle rituelle commune. Seuls, les triangles androgynes du Palladisme luciférien ont une organisation générale et partout le même rituel. »

Les loges androgynes, qu’on le sache bien, existent partout. En Suisse, notamment, elles servent de souche aux triangles. La loge ordinaire a d’abord son annexe-mixte, et, dans cet atelier où les sœurs sont mêlées aux frères privilégiés, on opère une nouvelle sélection pour former la loge palladique, le triangle. Telle est l’importante loge de Zurich, dite Modestia cum Libertate, qui comptait en 1880 plus de 200 frères, et dont les sœurs étaient au nombre de 96. C’est en 1886 seulement qu’un triangle vint se greffer sur cet atelier androgyne, et ce triangle est cité, chez les palladistes, comme étant l’objet de fréquentes manifestations diaboliques. Un démon, du nom de Goloëk, y vient parfois présider aux épreuves des récipiendaires ; on rapporte qu’en 1890, les frères avaient installé une bascule où la postulante se plaçait, tandis que Goloëk se mettait à l’autre bout et prenait plaisir à taquiner la malheureuse jeune femme. N’ayant pas été témoin de ce fait, je ne l’affirme pas ; peut-être était-ce un frère qui se déguisait en diable. Quoiqu’il en soit, la loge de Zurich est réputée pour être des plus sataniques.

Et les autres ateliers androgynes du globe, pour n’être pas tous le théâtre