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circulaire du 25 mars 1869, signée par les FF∴ Frapolli et Mauro Macchi, cette déclaration en termes ambigus : « que, malgré le désir plus grand que jamais de voir la condition de la femme s’élever et son éducation se perfectionner, le Grand-Orient, ne reconnait pour le moment ni sœurs ni filles d’Adoption. » (Chaîne d’Union, 15 juin 1869, page 12).

La tactique maçonnique consiste à se renvoyer d’un pays à l’autre la responsabilité de l’existence des loges androgynes. Ainsi, le docteur Gallatin Mackey déclare dans le Lexicon of Freemasonry, qu’il n’existe des sœurs maçonnes qu’en France ; et les maçons français déclarent à leur tour qu’il n’en existe qu’en Espagne.

Gallatin Mackey niait donc les ateliers-annexes aux États-Unis, particulièrement.

Cependant, au mois d’octobre 1874, dans le compte-rendu officiel de la Grande-Loge du Missouri, rédigé par le grand-secrétaire F∴ Gouley, éditeur du Freemason, de Saint-Louis, on lisait ces lignes :

« Nos maçons modernes sont devenus efféminés et délicats. On fabrique tant de maçons aux États-Unis, qu’il n’est pas surprenant que tous ne soient pas d’un métal aussi pur que le désirerait le F∴ Anderson, et avec lui tous les amis de notre institution… Il n’y aura bientôt plus que les femmes et les enfants qui seront en dehors de la franc-maçonnerie… Et encore les femmes peuvent-elles choisir entre les deux ordres androgynes qui existent aux États-Unis. » (Le Monde Maçonnique, n° de janvier 1875, page 397-398).

En ce qui concerne la France, le F∴ Ragon, qui a publié, — pour les initiés seuls, il est vrai, — plusieurs rituels de grades féminins, ne les donne pas comme étant des documents d’une simple valeur archéologique, mais comme pratiqués couramment. Dans son Manuel complet de la Maçonnerie d’Adoption, il rapporte (page 100) une curieuse anecdote, qui prouve que, même au sein du Conseil de l’Ordre, il se trouve parfois des frères n’ayant pas eu la révélation des loges androgynes.

Il s’agit d’un atelier (les Amis de la Paix, à Paris), qui avait une loge-annexe, et qui voulut en 1852 célébrer une grande fête d’adoption ; cet atelier, qui, sans doute, devait en cette circonstance sortir des usages, — probablement, voulait-il convoquer plusieurs autres loges-sœurs, — sollicita une autorisation auprès du Grand Orient. L’orateur titulaire de la Chambre Symbolique demanda que l’on passât à l’ordre du jour, en déclarant que « la Maçonnerie d’Adoption n’était pas de la maçonnerie, qu’elle n’avait jamais été admise par le Grand Orient. »

Il faut voir comme le F∴ Ragon tance cet ignorant !

« Cette hérésie d’un orateur, dit-il, qui ignore l’histoire du corps au nom duquel il parle fut relevée comme elle devait l’être par des frères plus instruits, jaloux de l’honneur de l’Ordre. Ils prouvèrent que cette fille