Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/439

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les maçons gouvernants donnent le plus grand éclat possible à leurs élucubrations inspirées par le souffle infernal, comme il est arrivé à Mlle Augusta Holmès ; parfois même, la maçonnerie les subventionne. C’est ainsi que la loge la Clémente Amitié, qui n’a jamais eu plus de 1500 à 2.000 fr. en caisse, a versé cent mille francs à la Nouvelle Revue créée par Mme Edmond Adam. D’où venait cet argent ? De la haute-maçonnerie, c’est-à-dire du diable.

Facilement aussi, on se rend compte que les frères trois-points se soient imposé la loi absolue de nier l’existence de la maçonnerie féminine, cette précieuse auxiliaire.

Mais des aveux leur échappent malgré tout, par-ci par-là : il suffit à l’observateur de les réunir pour mettre à néant les négations intéressées.

Par exemple, quand un franc-maçon nie qu’il y ait en Italie des loges androgynes, on devra lui citer ce discours que le grand-maître débite à la maçonne passant du 3e au 4e degré du Rite d’Adoption, c’est-à-dire en la proclamant Maîtresse Parfaite :

« Ma chère, les erreurs, les superstitions et les préjugés que vous conserviez peut-être encore dans quelque recoin de votre cerveau se sont dissipés, maintenant que nous vous avons initiée aux arcanes symboliques de la maçonnerie et que la lumière de la vérité a rayonné sur vos pupilles. Une tâche ardue, mais sublime, vous est dorénavant imposée. La première de vos obligations sera d’aigrir le peuple contre les rois et les prêtres. Au café, au théâtre, dans les soirées, partout, travaillez dans cette intention sacro-sainte. Il ne me reste plus qu’un secret à vous révéler et nous en parlerons à voix basse ; car l’heure n’est pas encore venue de le manifester au monde profane. L’autorité monarchique, dont nous affectons d’être enjoués, doit un jour tomber sous nos coups, et ce jour n’est pas éloigné. En attendant, nous la caressons pour arriver sans entrave au complément final de notre mission sacrée, qui est l’anéantissement de toute monarchie. Levez-vous ! »

Cette allocution du grand-maître à la Maîtresse Parfaite a été publiée par la Vera buona novella, de Florence, et reproduite par la Correspondance de Rome (N° 181 ; 1er février 1862).

On pourra citer encore ce fait relatif à la fameuse sœur Julia Caracciolo, comtesse Cigala, une luciférienne militante de la péninsule : c’est sur sa demande que le frère général Garibaldi envoya à la loge les Défenseurs de l’Unité maçonnique une lettre pour la féliciter de sa fondation et de l’élection du frère Dominique Sampieri comme Vénérable. Le fait est consigné dans le Monde Maçonnique (n° d’octobre 1867, page 339).

Voilà un spécimen des aveux qui échappent aux frères. Cela n’empêchait pas le Grand Orient d’Italie, deux ans plus tard, de glisser dans une