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Dans le Rite Palladique seul, qui est androgyne, et où les frères reçoivent, tout aussi bien que les sœurs, une initiation graduée, les adeptes des deux sexes peuvent visiter à leur gré les ateliers, non seulement de la fédération, mais de n’importe quel pays, et ces visites facultatives n’ont d’autre règle que celle de la hiérarchie. En d’autres termes, un Kadosch du Palladium et une Élue Palladique ont l’entrée libre à tout triangle où ils se présentent ; un Hiérarque et une Maîtresse Templière, à tout grand triangle et à tout triangle ; un Mage Élu, à tout parfait triangle, à tout grand triangle et à tout triangle. Quant à la Maîtresse Templière dite Souveraine, c’est-à-dire celle qui a reçu la révélation d’Astarté, elle peut être reçue dans un parfait triangle, mais à la condition que le président (Noble Seigneur Grand Maître) y consente.

Si le Palladisme donne à ses initiés des facilités de va-et-vient qui n’existent pas dans les autres rites androgynes, c’est que les triangles comportent des mystères à tel point infâmes, que ceux et celles qui s’y sont associés de cœur et d’âme sont sûrs les uns des autres au plus haut degré.

En outre, les frères palladistes, étant presque tous pourvus, dans un autre rite, d’un grade élevé, au moins le Kadosch ou tout autre degré correspondant, peuvent visiter, en cette qualité et sans faire connaître leur initiation luciférienne, les loges, chapitres et aéropages des divers rites androgynes de la maçonnerie ordinaire ; et, en se relayant à tour de rôle, ils connaissent ainsi ce qui se passe ailleurs que dans les triangles. De même, les sœurs palladistes le peuvent également, puisqu’elles sont, toutes ou presque toutes, Sublimes Écossaises ou quelque chose d’équivalent ; miss Diana Vaughan, par exemple, appartenait à la fois au Palladium et au Rite des Écossaises de Perfection. Dans son acte de retraite du 19 avril 1894, elle déclare expressément donner sa démission complète « de maçonne tant palladique qu’écossaise. »

On est donc fondé à dire, pour conclure sur ce point, qu’il n’y a pas lieu de s’étonner de ce que le secret sur la maçonnerie féminine (je parle de la vraie) soit si bien gardé ; toutes les combinaisons possibles ont été imaginées pour l’assurer ; cette organisation est vraiment merveilleuse en même temps qu’abominable ; il est impossible d’y voir une main humaine, pour peu qu’on veuille y réfléchir ; La Jonquière et les autres règlementateurs étaient certainement inspirés par le démon.

Tous les francs-maçons nient avec énergie l’existence des loges androgynes ; mais, je le répète, il en est beaucoup parmi eux qui là-dessus sont d’une entière bonne foi.

Maintenant, il n’en pourra plus être ainsi. Les frères, qui n’ont pas été appelés à participer aux réunions des loges-annexes, n’auront qu’à observer ce qui se passe au banquet et surtout au bal qui suivent certaines fêtes où,