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tères où elles sont coparticipantes, encore plus que par le serment ; la discrétion est forcée. On n’a attiré là que celles qui avaient déjà perdu la foi ; et on les compromet tant et si bien, que, si l’une d’elles, se ressaisissant un jour, réussit à sortir de l’abîme, il est bien certain qu’elle gardera le silence. Ces choses-là ne s’avouent point.

Ah ! voilà bien le diabolisme dans toute son habileté machiavélique. Comme il tient terriblement sa proie dans les loges androgynes ! Il en est peu, de ces infortunées victimes, qui se convertissent, si ce n’est au lit de mort. Aussi, voilà pourquoi l’Église, malgré toutes les négations intéressées, sait l’existence des sœurs maçonnes ; mais le secret de la confession est inviolable, l’Église ne peut pas parler[1].

Et ils le savent, ces hommes qui perdent ces femmes et en font leur jouet. Ils sont tellement sûrs du secret, aussi bien quand leurs victimes sont aveugles que si elles viennent à ouvrir les yeux, qu’ils ont à ce sujet, dans leurs fêtes impies, le triomphe insolent. C’est dans cette pensée qu’en 1878, à un banquet maçonnique où l’on célébrait (à Port-Louis) le centenaire de la loge androgyne la Triple Espérance, un poète mauricien déclama pour la première fois une pièce de vers, qui depuis lors a été colportée dans des agapes semblables et dont voici un fragment, copié sur le compte-rendu d’un autre atelier androgyne, la loge Modestia cum Libertate, de Zurich (juin 1890) :


      Oui, réjouissons-nous ; car c’est bien dans nos temples
   Que l’on voit les meilleurs, les plus dignes exemples.
   Dans les nobles transports de la fraternité,
   Zélés, nous honorons la sainte humanité.
   Disant avec amour : « La femme est notre égale »,
   Tandis que le curé la maintient en vassale,
   Nous réprimons l’orgueil, et dans nos doux travaux,
   La liberté régnant, nous sommes tous égaux.
      Frères, n’est-ce point là la divine sagesse ?
   Nos secrets sont gardés mieux encor qu’à confesse.
   Si le mal est bavard, hâbleur, superstitieux.
   Au contraire, le bien reste silencieux :

  1. Une preuve de ce que l’existence des loges androgynes est connue de l’Église, ainsi que ce qui s’y passe, a été apportée par M. Léo Taxil, qui a imprimé les lignes suivantes :
    « Le cardinal Parocchi, cardinal-vicaire de Rome, me recevant chez lui, m’a dit ceci textuellement : « Je vous félicite d’une façon toute particulière pour l’ouvrage les Sœurs Maçonnes ; vous avez bien fait de dénoncer au public les turpitudes des loges androgynes. Tout ce que vous avez divulgué, nous le savions, nous : nous en avions depuis longtemps les preuves ; mais il était utile, pour l’édification de la masse, de déchirer sans pitié le voile qui cache les hontes de la prostitution maçonnique. Vous avez accompli là une bonne action. vous avez fait la propagande la plus efficace : car, après avoir lu votre livre, les femmes honnêtes seront révoltées, deviendront vigilantes, et ne supporteront plus que leurs maris s’affilient à une société où ils s’exposent à perdre, avec leur foi, la notion de leurs devoirs de famille, sous prétexte de rendre un culte secret à la nature. » (Léo Taxil, la Corruption fin-de-siècle, page 13.)