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lumière » ; elle doit s’exercer « sans égards pour les qualités plus ou moins grandes de l’esprit, ni pour les perfections plus ou moins combinées de la beauté, sans considération déterminée ni absolue pour l’élévation des rangs et les distinctions politiques, les yeux seulement fixés sur les élans du cœur, digne objet de ses préférences et de ses soins. » Ce qui revient à dire que le moins malin de la loge comme le plus spirituel, le mal bâti comme le beau garçon, le ministre comme le simple électeur, le banquier millionnaire comme le petit boutiquier, ont droit, si le cœur leur en dit, à faire appel à cette bienfaisance des sœurs de l’atelier et doivent être secourus indistinctement.

Or, quelle est donc cette charité qui distribue ses bienfaits aux gens pourvus de richesse, d’un rang élevé ou d’une haute situation politique ?… Ce serait se moquer du monde que soutenir qu’il s’agit d’une distribution d’aumônes en tout cela.


Il ne faudrait pas cependant s’exagérer la situation de ces malheureuses. Ce serait une erreur de croire qu’il y a des Thersite et des Quasimodo dans les ateliers androgynes que les loges s’annexent, en vertu du droit de cumulation de rites. Les sœurs maçonnes sont, jusqu’à un certain point, maîtresses de leurs choix.

Voici, à cet égard, comment les choses se passent :

Les frères qui n’en sont encore qu’au grade d’Apprenti, ne sont jamais admis dans les loges d’Adoption ; ils en ignorent tout à fait l’existence. Ce n’est qu’à partir du 2e degré (Compagnon), que l’on peut y être admis. Remarquez que je ne dis pas : « que l’on y est admis ».

Rien n’est plus exact que ce que M. Léo Taxil a écrit à ce sujet :

« Au premier degré, qu’on nomme le grade d’Apprenti, on ne révèle, en réalité, absolument rien au néophyte ; et, en ce qui concerne l’existence des sœurs maçonnes, on induit même le récipiendaire en erreur. Lorsque le Vénérable déclare que le récipiendaire est admis à faire partie de l’association, il lui dit, après l’avoir consacré Apprenti, et en lui remettant une paire de gants de femme : « Mon frère, nous n’admettons point de femmes dans nos loges ; mais, en rendant hommage à leur grâce et à leur vertu, nous aimons à en rappeler le souvenir ; ces gants, vous les donnerez à la femme que vous estimez le plus. »

« Plus tard, si l’Apprenti à persévéré, s’il s’est fait remarquer par son assiduité aux réunions occultes, on lui propose de l’initier au second degré, appelé grade de Compagnon. Il faut, au minimum, cinq mois d’assiduité, sans compter un rapport favorable du comité de la loge, pour qu’un Apprenti soit reçu Compagnon.

«  Alors, le Vénérable change de langage. Après avoir proclamé que le