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charlatans vulgaires que lorsqu’ils sont des magiciens diabolisants ; cela, bien entendu, chaque fois que les docteurs de cette science occulte tentent de pénétrer les secrets de l’avenir.

Il importe donc, avant tout, de diviser les personnes qui se livrent à la magie divinatoire en deux catégories bien distinctes : 1° les charlatans dupeurs ; 2° les fanatiques trompés par le démon, c’est-à-dire ceux à qui Satan ou ses compagnons de révolte et de damnation se manifestent, visiblement ou invisiblement.

Les charlatans vulgaires, tout le monde les connaît. À propos du pseudo-spiritisme, j’en ai présenté au lecteur un type entre mille, le Wilhelm Mannteuffel, de Berlin. Dans la pratique de la mancique, ces artisans de supercheries sont légion. L’Église condamne en bloc tous ces prétendus docteurs en science des choses cachées, parce que dans cet ordre d’idées le consultant ne peut avoir affaire qu’à des impostures ou à des diableries.

Nous ne devons pas chercher à connaitre ainsi l’avenir ; c’est à la fois un péché et une sottise. Lorsque Dieu nous éprouve, nous commettons un crime contre lui, si, pour nous guider dans ce que nous avons à faire, nous recourons à Satan et à ses œuvres ; et, au surplus, tout en étant criminels, nous sommes imbéciles, puisque le démon ne peut rien nous apprendre des choses futures. Dans le cas d’une de ces épreuves de la vie, auxquelles je fais allusion, nous n’avons qu’une conduite à tenir : nous rendre dignes de Dieu et prier les saints d’intercéder pour nous.

Je vais me faire comprendre par un exemple bien simple. Il provoquera, sans doute, le rire chez les gens qui dénigrent ma publication ; peu m’importe ; leurs rires, pas plus que leurs attaques, ne m’empêcheront d’accomplir mon devoir.

Je prends donc un exemple parmi les faits les plus communs de la vie. Vous avez à soutenir un procès ; vous êtes dans votre droit, mais votre droit n’apparaît pas clairement aux magistrats chargés de juger, et vous avez contre vous une partie adverse dépourvue de scrupules et possédant une rouerie telle, que vous êtes menacé de perdre votre procès ; il serait juste que vous eussiez gain de cause, mais les magistrats sont des hommes et peuvent se tromper. Dans cette situation pénible, que fait souvent, trop souvent, une personne superstitieuse ? Elle va chez la tireuse de cartes et la consulte ; elle lui demande des renseignements sur les secrets du dossier de son adversaire ou sur toute autre chose dont elle s’imagine pouvoir tirer parti dans son procès. Eh bien, cela est mal, puisque l’Église condamne les pratiques de cette espèce, et cela est stupide, parce que le gain de votre procès ne dépend pas de la tireuse de cartes. Ce qu’il faut faire, le voici : prier Dieu d’éclairer les magistrats chargés de votre affaire ; reconnaître humblement que l’épreuve que vous subissez est méritée par vos péchés ;