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d’autres banquets semblables, s’y parant de leur cordon, et se croyant maçonnes. Elles forment, en réalité, le paravent qui sert à cacher les vraies sœurs.

Les vraies sœurs maçonnes, elles, subissent les épreuves et toutes les formalités du rituel ; elles appartiennent à la loge-annexe ; leur initiation est en plusieurs grades, savamment combinés pour amener l’adepte à devenir ce que la maçonnerie veut qu’elle soit. Celles-ci, dans les réunions secrètes androgynes, à laquelle tous les frères de la loge ne sont pas admis, portent non seulement le cordon, mais encore le petit tablier pornographique et la fameuse jarretière où sont brodés les mots : « Silence et Vertu ».

Dans les « banquets de tenue blanche », — qui ne sont pas les « fêtes d’Adoption », — les vraies sœurs maçonnes sont assez souvent mêlées, du moins quelques-unes d’elles, aux pseudo-sœurs. Mais, tandis que celles-ci, se croyant quelque chose dans l’Ordre, sont revêtues de leur cordon, les autres, les vraies sœurs, n’ont aucun insigne et se trouvent là à titre d’invitées profanes ; car, à ces banquets, comme aux autres tenues blanches, les profanes des deux sexes sont admis, avec carte d’invitation et sous la caution d’un frère.

Maçons imparfaits initiés, à qui l’on cache l’existence des loges androgynes, ayez l’œil sur ceux d’entre vos frères qui contresignent les cartes d’invitation servant à introduire des dames soi-disant profanes aux banquets de tenues blanches ; ce sont des frères connaissant le Jardin d’Éden, dont les barrières sont closes pour vous.

Et vous, pseudo-sœurs qui vous croyez maçonnes, parce qu’on vous à offert un joli cordon plus ou moins orné de broderies symboliques, sachez que, pour citer seulement le Rite d’Adoption, l’initiation vraie comporte plusieurs grades, nullement tombés en désuétude. Le Rite d’Adoption est, en effet, en cinq degrés : 1º l’Apprentie ; 2º la Compagnonne ; 3º la Maîtresse ; 4º la Maîtresse Parfaite ; 5º la Sublime Écossaise. Vous n’avez passé, madame, par aucune épreuve, n’est-ce pas ? vous n’avez prêté aucun serment ? Apprenez donc que vous n’êtes qu’une profane, comme devant, malgré votre joli cordon.

Voilà un peu de lumière jetée dans ce chaos du mot Adoption.

Pourtant, il importe de dire encore que, pendant plus de la moitié de ce siècle, jusqu’en 1860, on a employé, en maçonnerie, le terme « fête d’Adoption » pour désigner indistinctement les banquets maçonniques où ne paraissent pas les vraies sœurs et ceux qui clôturent d’ordinaire les initiations du Rite d’Adoption au grade d’Apprentie. C’est depuis 1860 seulement que la séparation s’est opérée ; maintenant, le banquet qui a lieu après une initiation d’Apprentie s’appelle « banquet d’Adoption ».

Donc, tenue d’Adoption, fête d’Adoption, banquet d’Adoption, Rite d’Adop-