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dorées ; il n’a nulle envie de se plaquer sur la poitrine des soleils, des lunes, des étoiles, des pélicans et des petites maisonnettes sans cheminées ; bref, il se dit en lui-même que, si pour être franc-maçon il faut s’affubler ainsi, il ne le sera jamais, ne voulant pas être ridicule. Néanmoins, de la tenue blanche il a gardé souvenir ; et, quand il y pense, comme il a un fond de naïveté, il se dit : « Les francs-maçons sont des bonshommes bien bizarres dans leurs manières ; mais ils sont absolument inoffensifs. »

Supposez maintenant que ce profane lise, un de ces quatre matins, soit dans la Franc-Maçonnerie démasquée, soit dans la Revue Mensuelle qui sert de complément à ma publication, un article d’indiscrétion, comme celui-ci, par exemple :

« Dans une récente tenue de maçonnerie blanche, qui vient d’avoir lieu au siège du Rite Z***, à Paris, les mesures à. prendre pour fabriquer un complot anarchiste, dans lequel on mêlerait le nom d’un évêque, ont été mises en discussion. Il a été arrêté que le F∴ N***, dont la qualité maçonnique n’a jamais été dévoilée et qui est d’une habileté au-dessus de tout éloge, se mettra en relation avec Mgr X*** sous le meilleur prétexte qu’il trouvera ; afin qu’il puisse capter sa confiance, en se faisant passer aux yeux du prélat pour un homme dévoué à l’Église, un crédit de telle somme lui est ouvert et sera employé par lui à offrir quelques ornements sacerdotaux à une communauté de religieuses pauvres, pour leur aumônier. Le F∴ N***, une fois bien vu dans le diocèse où il s’établira, visitera quelques notabilités cléricales du chef-lieu pour les intéresser à une pauvre famille d’ouvrier dans la détresse. Il aura soin de faire signer les personnes visitées par lui, sur sa liste de souscription ; il majorera d’un zéro la somme qu’il obtiendra de l’évêque, de façon à ce que celui-ci paraisse s’être fortement intéressé à la souscription. D’autre part, l’ouvrier Y***, demeurant à Paris, très connu par ses opinions révolutionnaires exaltées et qui a le cerveau passablement déséquilibré, sera vu par les FF∴ A***, B*** et C***, qui abonderont dans ses idées, le pousseront à commettre un attentat à la dynamite contre quelque haut fonctionnaire, se réservant de lui dire lequel au dernier moment. Lorsque Y*** sera à point, on lui remettra la bombe ; on lui promettra, pour sa fuite à l’étranger, une somme qui sera exactement celle formant le total de la liste du F∴ N***, en lui disant, dans une lettre (que la police trouvera plus tard à son domicile), que c’est le produit d’une souscription de personnes dévouées à l’anarchie ; la somme lui sera, du reste, remise par le F∴ N***, venu à Paris le jour fixé pour l’attentat. On désignera alors à Y***, M. Dumay, directeur des cultes, comme étant le fonctionnaire qu’il s’agit du faire sauter ; Y*** ne lisant pas les journaux cléricaux qui attaquent M. Dumay, notre f∴, à raison de son hostilité à l’Église, il sera facile de le lui faire passer pour un fonctionnaire dévoué