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dans mes récits personnels, soit dans les épisodes que je rapporte fidèlement d’après des témoins véridiques. Il n’est donc nul besoin d’user de l’encre pour prouver l’existence de cette branche de la secte ; car, aujourd’hui, seuls, les gens de mauvaise foi ou les agents secrets de l’Ordre peuvent la nier, et personne n’a plus le droit de prétexter l’ignorance, tant les preuves les plus accablantes ont été accumulées.

Au premier rang des auteurs qui ont fait la lumière sur la Maçonnerie Féminine, il convient de placer M. Léo Taxil et, tout récemment, M. De la Rive. Le premier s’est surtout attaché à publier les principaux rituels en usage dans les loges androgynes ; le second, compulsant les bulletins, les revues, les manuels, les recueils, en un mot, des quantités formidables de publications officielles de la secte, en a extrait tout ce qu’il a trouvé se rapportant aux sœurs maçonnes et a mis ainsi sous les yeux du public non-initié une telle collection de documents, admirablement classés dans l’ordre chronologique, que les frères et compagnons de l’équerre et du compas sont à jamais dans l’impossibilité de recourir à leur vieux système de négation.

Ces deux auteurs ont rendu aux catholiques un service de la plus haute importance. Les volumes de M. Léo Taxil, les Sœurs Maçonnes et Y a-t-il des femmes dans la franc-maçonnerie, et l’ouvrage de M. De la Rive, la Femme et l’Enfant dans la franc-maçonnerie universelle, se complètent réciproquement.

Pourtant, il reste encore quelque chose à dire.

Ce qui n’a pas été expliqué, c’est le fonctionnement de cette maçonnerie féminine que la secte a tant à cœur de cacher ; et, pour pouvoir expliquer cela, il faut avoir pénétré les mystères de la haute-maçonnerie. Ce qui intéresse le public, une fois qu’on lui a donné les preuves de l’existence des loges androgynes, c’est de savoir quel rôle ces femmes jouent soit dans la confrérie trois-points, soit au milieu de la société profane.

Et voilà ce que, moi, j’ai à faire connaître. Je pourrais publier, à mon tour, d’autres rituels que ceux que M. Léo Taxil a divulgués ; mais tous les rituels de maçonnerie féminine se ressemblent, à peu de chose près. Je pourrais verser au procès d’autres citations officielles que celles que M. De la Rive a mises au jour ; mais à quoi bon ? sa collection, irréfutable, est déjà bien suffisante.

Restons sur le terrain que je viens d’indiquer.


Pour organiser la maçonnerie féminine, — la vraie, — les chefs de la secte ont eu recours à un procédé identique à celui du disciple de Moïse Holbrook pour faire fonctionner la seconde classe des Odd-Fellows, dont j’ai parlé au chapitre précédent. Ils ont créé des sœurs maçonnes qui ne sont pas des sœurs maçonnes ; encore ces pseudo-sœurs ne sont-elles pas exhibées à la