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sous son couvert, avec les initiés qu’il ferait passer de la première à la seconde classe, à toutes les orgies de sacrilèges possibles et imaginables. Longfellow prit, comme pontife du rite secret, le titre de Grand-Prêtre du Nouveau Magisme Évocateur.

À la mort du F∴ John Honour, souverain commandeur grand-maître du Suprême Conseil de Charleston, ce ne fut pas son grand lieutenant Charles Furman qui fut appelé à lui succéder. Le docteur Gallatin Mackey, rêvant, lui aussi, d’introduire le satanisme pur dans le Rite Écossais, manœuvra de façon à obtenir que le remplaçant de John Honour serait nommé à l’élection ; et l’on sait que ce fut Albert Pike qui fut élu (janvier 1859).

Albert Pike, en luciférien forcené qu’il était, entretint les relations plutôt avec Longfellow qu’avec Wildey, et il en fut toujours de même pour les rapports entre Charleston et Hamilton ; de telle sorte que le souverain grand-maître de la Grande Loge des États-Unis est, aux yeux du public et de la maçonnerie ordinaire, le chef des Odd-Fellows américains, tandis que le véritable chef, au regard de la haute-maçonnerie, est le grand-prêtre secret d’Hamilton, autorité pontificale des initiés de la seconde classe.

Ainsi, on ne saurait mieux comparer les Odd-Fellows qu’aux Manichéens, qui avaient aussi deux classes : les Auditeurs, auxquels on ne faisait connaître qu’une partie de l’enseignement et auxquels on voilait l’infamie du système, en affectant un grand zèle de continence et de pauvreté ; et les Élus, qui, possédant seuls le secret théurgique, participaient aux turpitudes de la secte.

De même, aujourd’hui, les Odd-Fellows de la seconde classe sont seuls les vrais Odd-Fellows, les parfaits initiés ; seuls, ils sont en correspondance directe avec le Suprême Directoire Dogmatique de la haute-maçonnerie ; seuls, ils ont leurs libres entrées dans les triangles palladiques et dans les autres sociétés lucifériennes.

En 1861, les journaux maçonniques des divers États composant l’Union américaine arrivèrent remplis des récits de pompes funèbres célébrées par les nombreuses loges d’Odd-Fellows en l’honneur de Thomas Wildey. L’Ordre avait alors 3.420 ateliers !

L’association ne fit que prospérer et s’étendre encore ; mais il arriva ceci que les fondateurs du rite secret de la seconde classe n’avaient pas prévu. Ce mode d’organisation, imaginé par Longfellow, allait créer un obstacle à la réception de n’importe quels odd-fellows comme visiteurs dans les loges de la maçonnerie ordinaire.

En effet, pour mieux masquer leurs sacrilèges pratiques, les parfaits initiés, qui sont facilement arrivés, comme cela est facile à comprendre, à diriger, par une influence discrète, les loges de la première classe, seules avouées, ont recherché surtout, comme adeptes servant de trompe-l’œil, des gens