Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

criptions de l’article 3 serait, en outre, immédiatement expulsé du territoire français.

Art. 6. — Ne peuvent porter un costume religieux que les évêques, prêtres et vicaires, pasteurs ou rabbins, qui sont payés par le budget des cultes, et seulement dans l’exercice du culte.

Art. 7. — Tous laïques, tous séminaristes, prêtres libres, moines, frères et sœurs vivant ou non en commun, qui porteraient un costume religieux, seront punis de la prison et de la perte de leurs droits civils et politiques.

Art. 8. — Sont également punis de la perte de leurs droits civils et politiques tous ceux qui, directement, chercheraient à favoriser le rétablissement clandestin ou au grand jour des congrégations, ou qui tenteraient de faire revivre, sous quelque forme que ce soit, les pratiques ou les règles de la vie monastique ou congréganiste.

Art. 9. — Les contrevenants aux dispositions des articles précédents seront punis de 100 à 10.000 francs d’amende et de… à… de prison.

C’est bien là un nouveau et grand pas vers la suppression complète de l’Église elle-même. En apparence, on ne veut que détruire les congrégations ; quelle hypocrisie ! Mais déjà on entame le clergé séculier. L’article 6 du projet est un monument de perfidie ; examinez-le bien.

Il vise uniquement le sacerdoce catholique, bien qu’on y parle des pasteurs protestants et des rabbins israélites ; on veut faire croire au peuple, près de qui on fera de la propagande, que l’on agit à un point de vue général. Pasteurs et rabbins ne portent pas de costume spécial à la rue ; donc, les prêtres catholiques sont seuls visés.

Nous verrons plus loin qu’il entre dans le plan de la haute-maçonnerie d’abolir l’Église en réduisant le Pape et les Cardinaux à vivre sans feu ni lieu, et en morcelant le catholicisme par églises nationales, sans chef et sans hauts dignitaires relevant directement du chef. La loge l’Encyclopédique contient certainement des palladistes, pour être si au courant du plan secret ; selon son vœu, les évêques, les prêtres et les vicaires pourront seuls, et dans les églises seulement, pendant la célébration des saints offices, revêtir les ornements sacerdotaux et les insignes de leurs dignités ; les cardinaux sont considérés comme n’existant pas ; la soutane violette sera encore tolérée, mais pas le costume rouge du cardinal.

Prison et perte des droits civiques pour quiconque, sauf l’évêque, le curé et le vicaire, se revêtirait, même dans une église, d’insignes religieux quelconques, que le commissaire franc-maçon qualifierait de costume dans son procès-verbal. Après l’ingérence du gouvernement sectaire dans la comptabilité des fabriques, nous aurons l’ingérence dans les cérémonies du culte, pour rendre le culte impossible. Suppression des diacres et des sous-diacres ! c’est la franc-maçonnerie qui le veut.

Et l’article 8, est-il assez vague, pour pouvoir, sous n’importe quel prétexte, enlever à n’importe quel catholique ses droits de citoyen ! Quel délit