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Dans son Livre des Révélations, le pontife luciférien rapporte, comme parfaitement exact, ce voyage à travers l’immensité, qu’il effectua dans les bras de Satan. Il parcourut ainsi, s’il faut l’en croire, 52.174.000 millions de lieues, en quelques secondes, non évanoui, mais « avec la sensation d’un bien-être inconnu qui diminua en lui le sentiment des impressions extérieures. » Il accomplit à deux reprises un trajet de 1.373.000 fois la distance du soleil à la terre.

Quand Lucifer le replaça chez lui, dans son cabinet de travail, à Washington, il lui dit :

— Ce que tu viens de voir, 6 fils de mon cœur, est peu dans l’univers. Le soleil, autour duquel gravite cette terre d’où mes bien-aimés extirperont le culte d’Adonaï, n’est qu’un point comparativement à Sirius, dont tu viens de fouler un instant le sol ; et Sirius et le soleil ne sont que deux étoiles appartenant à la même couche de mondes, à la même île céleste isolée dans les espaces sans fin. Cette île, dont le grand axe a plus de sept cents fois la distance que nous venons de parcourir, n’est encore qu’une mince petite couche d’étoiles, de planètes et de satellites, auprès des autres couches épaisses et profondes, éparses dans l’univers et incomparablement plus riches en astres de toutes sortes. Tel est l’univers, dont je suis l’architecte, l’univers que les visionnaires trompés par Adonaï ont réduit, dans leur ignorance, à un système astronomique stupide, faisant de cet atome qui est le globe terrestre le centre intéressant de la création universelle. La vérité est qu’Adonaï n’est plus en état de lutter contre moi que dans ce monde-ci et celui d’Oolis, planète d’un soleil inconnu des hommes. Je suis donc le Très-Haut le plus haut, le Tout-Puissant le plus puissant, le Dieu du triomphe final, parce que je suis la Lumière, la Science et la Vie.

Et Albert Pike répondit :

— Oui, ô mon Dieu, vous êtes seul adorable. Gloire à vous, Éternel Père, Dieu-Bon ! guerre au dieu de la Superstition, de l’Ignorance et de la Mort !

On ne peut parler de Pike, le grand magicien par excellence, sans songer, effet de répercussion, à un autre diabolisant, celui-ci ridicule, suprêmement grotesque, le signor Pessina.

Lui aussi, il a voulu avoir ses talismans personnels, dont j’ai fait figurer la reproduction (absolument exacte) à la page 233 de ce second volume.

J’avoue que je ne me suis pas attaché à me faire expliquer par lui ni par personne les bêtises inscrites sur ses petits ronds de métal. Sans doute, Pessina ne sait-il pas lui-même ce qu’il a gravé-là.

Le souverain grand hiérophante du rite de Memphis et Misraïm, possède, comme on le peut voir, un talisman de science et vertu, un autre de savoir et immortalité, un troisième d’invisibilité instantanée, un quatrième de transport immédiat.