Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

put se lever et s’en retourner à pied, parfaitement guéri. » (Cité de Dieu, liv. VIII, ch. 22.)


La superstition diabolique des talismans est, en notre siècle, beaucoup plus vivace qu’on ne se l’imagine ; et elle est répandue dans toutes les classes de la société. C’est par centaines que l’on compte les divers « fétiches » minuscules, portés en secret, pour avoir telle ou telle chance. Même, il n’est pas rare, aujourd’hui, de lire, à la quatrième page des journaux populaires, entre les réclames des somnambules et des tireuses de cartes, les annonces des marchands de talismans.

Bon nombre de ces objets sont de « l’article n’importe-quoi », si l’on peut s’exprimer ainsi ; ce commerce constitue une véritable escroquerie.

Mais, à côté de ces brimborions sans valeur aucune, il y a les talismans vrais, les objets qui ont reçu l’imprégnation satanique ; ceux-là ne sont pas marchandise de fabrication et de vente publiques.

Le plus souvent les docteurs en occultisme se bornent à enseigner les moyens de les obtenir soi-même, de les fabriquer. Il en est ainsi principalement pour les talismans dits astronomiques. Ce sont en général des rondelles de métal, sur lesquelles on grave au burin à pointe de diamant certains, signes conformes aux modèles indiqués par les mages blancs ou noirs.

Les principaux de ces talismans-là sont consacrés aux « daimons » des sept planètes. La consécration se fait à tel jour et telle heure fixés par certaines règles et en suivant fidèlement certaines prescriptions, plus ou moins empruntées à la cabale.

Il y a ainsi les talismans dits du Soleil, de la Lune, de Mars, de Mercure, de Jupiter, de Vénus et de Saturne.

Le Talisman du Soleil, en or, consacré à Lucifer, nommé Pi-Rhé pour la circonstance, vaut à qui le porte la faveur des personnages puissants ; grâce à lui, disent les occultistes, on n’a pas à craindre la mort par syncope, maladie du cœur, anévrisme, épidémie ou incendie. On oppose Pi-Rhé à l’ange Mikaël, dans l’occultisme non palladique, et au Dieu-Mauvais Adonaï, chez les palladistes.

Le Talisman de la Lune, en argent, consacré à Astarté, nommé Pi-loh pour la circonstance, a la spécialité de protéger les voyageurs ou les personnes résidant hors du pays natal ; il garantit de la mort par naufrage, ou encore par épilepsie, hydropisie, apoplexie, folie. On oppose Pi-Ioh à l’ange Gabriel, tant dans les triangles que dans l’occultisme non palladique ; dans les triangles, on dit « le maleach Gabriel ».

Le Talisman de Mars, en acier, consacré à Baal-Zeboub ou Belzébuth, nommé Ertosi pour la circonstance, met son porteur à l’abri des attaques