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Nécromancie. Je n’insisterai que sur un point, où se manifeste fort clairement l’intervention de Satan, comme auteur véritable de tous ces prodiges : l’emploi qu’elle faisait d’une amulette ou talisman, auquel on ne saurait douter que fut attaché le pouvoir magique dont elle disposait ou qui se manifestait autour d’elle.

Ce talisman lui avait été donné par un sorcier d’on ne sait quel pays. C’était un simple sachet contenant des herbes : assa fœtida, sabina tyrannus, deux graines de sementramoni, un très-petit aimant et un petit papier sur lequel était écrit : « C’est à cela qu’est apparu le fils de Dieu ; qu’il détruise les œuvres de Satan. » Satan commençait à se renier lui-même, pour assurer plus facilement le succès de son œuvre ; néanmoins, sa signature était assez lisiblement écrite dans les noms d’herbes mystérieuses qui accompagnait ce papier hypocrite. Du reste, le fait suivant, attesté par le Dr  Kerner et nombre d’autres témoins dignes de foi, ne laisse aucun doute sur l’origine diabolique de ce talisman :

Il arrivait souvent que l’amulette qu’elle portait suspendue au cou, de son propre mouvement et sans être touchée de personne, se dégageait de derrière sa tête et courait par dessus sa poitrine et la couverture de son lit comme un être vivant, de sorte que les personnes présentes devaient la rattraper sur le plancher et la lui rapporter. Dans son sommeil somnambulique, Frédérique donnait de ce fait extraordinaire l’explication suivante : « Cet homme (le sorcier qui la lui avait donnée) fait cela par son art ; il agit sur moi d’une manière magique ; il veut ravoir cette amulette pour qu’on lui en demande une autre, parce que maintenant je ne peux plus m’en passer. »

Il est difficile avec toute la bonne volonté du monde, de voir dans de pareils faits l’intervention d’une force divine ; cette force ne s’enferme point dans une amulette et ne s’amuse point à ces jeux ridicules. Si Dieu s’est servi quelquefois d’une humble matière pour opérer des prodiges, cette matière était transformée et comme consacrée par quelque évènement divin dont elle avait été le témoin ou l’instrument : tel, par exemple, du bois de la vraie croix, ou de la terre sainte, apportée de Jérusalem. Écoutons saint Augustin nous racontant l’histoire d’Hespérius.

« Hespérius est auprès de nous. Il a sur le territoire de Fassoles, une métairie appelé Labédie. Après s’être assuré que l’influence des malins esprits répandait la désolation parmi ses esclaves, au milieu de ses troupeaux, et dans tout l’intérieur de sa maison, il vint, en mon absence, supplier mes prêtres que l’un d’eux voulût bien le suivre et conjurer par ses oraisons la puissance ennemie. Un prêtre y alla et offrit le sacrifice du corps de Notre-Seigneur, conjurant le ciel avec les plus ardentes prières de mettre un terme à ces malignes attaques. Tout aussitôt la miséricorde de Dieu les fit cesser.