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Citons encore :

— L’anneau de Salomon, par la force duquel ce prince, au dire des magiciens, commandait à toute la nature. Cet anneau, dit la légende, sur lequel est gravé le grand nom de Dieu, est gardé par des dragons dans le tombeau inconnu de Salomon ; celui qui s’emparerait de cet anneau serait maître du monde et aurait tous les génies à ses ordres.

— L’anneau des voyageurs. Cet anneau donnait à celui qui le portait le moyen de franchir sans fatigue, des distances assez importantes, par exemple, d’aller de Paris à Orléans, et de revenir d’Orléans à Paris dans la même journée.

— Les livres cabalistiques enseignent à fabriquer beaucoup d’autres anneaux sous l’influence des planètes, et à leur donner des vertus au moyen de pierres et d’herbes merveilleuses. Il faut ranger parmi ces amulettes ou talismans diaboliques tous les porte-bonheur et mascottes qui sont à la mode de nos jours.

Que certaines amulettes, comme le prétendent certains médecins, n’aient pas été sans action dans certaines dispositions morbides en agissant sur l’imagination des malades, je ne me refuse pas à l’admettre ; mais il faut avouer que ce sont là des cas fort rares et qui n’empêchent pas de conclure que l’emploi de ces moyens naturellement si disproportionnés aux effets qu’on leur attribue, ne saurait être inspiré que par l’éternel séducteur et trompeur du genre humain.

Que sont devenus le talisman et l’amulette dans la magie de notre siècle ? L’usage en est resté populaire ; on retrouverait dans plus d’une de nos campagnes les sachets renfermant des poudres magiques destinées à conjurer les mauvais esprits ou à guérir les maladies. Encore aujourd’hui combien de mères ou de nourrices déposent de semblables sachets sur le ventre ou dans le creux de l’estomac de leurs enfants pour apaiser les convulsions, détruire les vers, combattre les insomnies ou les fièvres !

Mais, sans aller chercher dans les campagnes les traces d’une superstition toujours subsistante, ne les retrouvons-nous pas dans notre monde intelligent, savant et lettré, parmi nos magnétiseurs et nos spirites ?

L’anneau magique d’Apollonius de Tyane a passé dans leurs mains. Le célèbre Du Potet expérimentait avec une bague qu’il tenait d’un sorcier et qui opérait de tels prodiges, qu’un de ses disciples, M. Arnette, sur le point d’en parler, s’arrête comme effrayé de ce qu’il va révéler : « Nous voilà, s’écrie-t-il, dans le domaine de la Magie ! Mon esprit haletant s’arrête au seuil du sanctuaire ; l’initiation commence ; mais il ne m’est pas permis d’en révéler les mystères. » (Journal du Magnétisme, 1853, p. 294.)

Magnétiseurs et spirites ont pris à la lettre le chapitre d’Agrippa dans sa Philosophie Occulte : « Comment se fait l’infusion des vertus occultes aux