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la vertu magique correspondait aux vingt-deux arcanes de la Doctrine dite Absolue. Cette liste a été réduite à seize par la magie moderne. Voici, suivant César Longin, les seize plantes sacrées, pouvant servir de talismans ou d’amulettes :

L’Héliotrope (Ireos des Chaldéens), est l’herbe de la sincérité.

L’Ortie (Roybra), l’herbe de bravoure.

La Virga-Pastoris (Lorumborat), l’herbe de fécondité.

La Chélidoine (Aquiaris), l’herbe du triomphe.

La Pervenche (Herisi), l’herbe de fidélité.

La Cataire (Bieith), l’herbe de vitalité.

La Langue de Chien (Algeil), l’herbe de sympathie.

La Jusquiame (Mansesa), l’herbe de mort.

Le Lys (Ango), l’herbe de manifestation.

Le Gui (Luperax), l’herbe de salut.

Le Centaurée (Isiphilon), l’herbe aux enchantements.

La Sauge (Coloricon), l’herbe de vie.

La Vervoine (Ophanas), l’herbe d’amour.

La Mélisse (Celeivos), l’herbe de confortation.

La Rose (Eglerisa), l’herbe initiatique.

La Serpentaire (Cartulin), l’herbe des fluides.

Voici quelques-uns des talismans et amulettes le plus communément empruntés aujourd’hui au règne végétal :

L’Oseille, le Plantin, contre les serofules ; le Séneçon, suspendu au cou, contre la morsure des scorpions ; la racine de Pivoine, contre l’épilepsie chez les enfants ; des Marrons, conservés dans une poche, contre les hémorrhoïdes ; un collier de Liège, pour arrêter la sécrétion du lait ; des sachets de Safran sur l’estomac, contre le mal de mer ; une branche de Prunier attachée à la cheminée, pour guérir les maux de gorge ; l’Osier franc contre la dislocation des membres ; la racine de Colchique, pendue au cou, contre les sueurs nocturnes ; le Trèfle à quatre feuilles, préservatif très recherché contre une foule de maux.

Cette liste serait incomplète, si l’on ne signalait pas la Mandragore, plante narcotique et vénéneuse de la famille des Solanées, qui entrait (comme la Ciguë, l’Œnanthe et le Chanvre) dans la préparation des charmes magiques. On s’en servait aussi comme de talisman, à cause de l’ébauche de forme humaine que sa racine affecte quelquefois. Une tradition fabuleuse prétendait que l’homme avait apparu primitivement sous forme de mandragore monstrueuse, dégrossie ensuite par le souffle du Très-Haut. Certains adeptes des sciences occultes au moyen-âge s’autorisèrent de cette tradition pour concevoir le rêve de retrouver la composition du limon primitif qui avait donné naissance aux mandragores, afin d’y faire croître des Androïdes,