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drait plus d’un volume pour les rapporter toutes, même en se bornant à celles qui se trouvent déjà relatées par les principaux écrivains jouissant d’une autorité incontestée. Raggiolo, Verporten, de Mirville, Louis Figuier, l’abbé Lecanu en citent à n’en plus finir. Glanons encore quelques faits avérés, reconnus, et passons ensuite à la question des talismans, qui, elle aussi, à bien son intérêt.

En 1475, une possession se déclare à Sauminiato, dans la maison d’un avocat nommé Jean de Bonromanis ; des pierres d’un grand volume sont jetées dans la maison par des agents invisibles, rejetées dehors ensuite sur les passants ; tout est brisé dans l’intérieur du logis ; les plus gros meubles sont emportés par les fenêtres, comme s’ils s’envolaient, puis reviennent de même ; des coups sont frappés partout ; ils retentissent sur les murs, sur les meubles ; ils causent une violente douleur aux personnes. Le vacarme dure cinq mois, au vu de tous les habitants de la ville et de celle de Florence qui en est voisine. La jeune fille de l’avocat, but principal de ces violences, devient folle, puis possédée, furieuse. Ses parents et des amis dévoués la portent de force à Vallombreuse ; elle y est délivrée après trois jours de prières. Cette délivrance est citée parmi les miracles de saint Jean Gualbert.

Vers 1760, un pasteur protestant du comté de Hohenlohe, nommé Schupart, qui devint recteur de l’Université de Gessen, vit sa maison assaillie de la même manière ; le désordre dura huit ans, et ne cessa que quand il eut quitté le lieu. Le dominicain Jean Nyder relate deux faits identiques arrivés à sa connaissance dans deux couvents de son ordre, l’un d’hommes, l’autre de femmes, à Nuremberg. Les désordres ne cessèrent que par la puissance des exorcismes de l’Eglise.

Au mois de février 1845, une maison de la rue des Grès, en plein Paris, fut presque démolie par des projectiles volumineux, lancés on ne savait d’où, à toutes les heures du jour et de la nuit. Tout fut brisé à l’intérieur ; les portes et les fenêtres furent enfoncées. Ni les agents de la police, ni les militaires qui leur furent adjoints, ne reconnurent jamais ni une main ni un des points de départ ; les physiciens et les mécaniciens demeurèrent à court d’explications ; les agents les plus habiles de la police furent sur pied de jour et de nuit pendant quinze jours ; tout demeura inutile. Le négociant qui occupait cette maison, dégoûté enfin et ruiné, se retira, et le désordre cessa. Tous les journaux du temps en entretinrent Le public.

Au mois de mars 1847, à Bayswater, en Angleterre, chez des époux nommés Williams, à l’occasion d’une jeune enfant de neuf ans, recueillie dans la rue par charité, les meubles se mettent à se promener d’eux-mêmes, à s’enfuir des mains qui veulent les toucher, et souvent tombent et se brisent. Les flambeaux, les assiettes dansent sur les tables ; les gros