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Charme des sagittaires. — Les Sagittaires sont une espèce de magiciens ou sorciers, qui ont été découverts et condamnés par le pape Innocent III. En retour de l’abandon de leur âme, Satan leur donne un charme qui leur permet de transpercer leurs ennemis de leurs flèches, à quelque distance qu’ils soient ; d’où leur nom de Sagittaires. Le maléfice s’opère ainsi : au jour du Vendredi-Saint, le sagittaire tire trois flèches sur un crucifix en bois, et, dans le courant de l’année, il peut donner une maladie mortelle à trois hommes différents, la maladie les frappant au jour voulu par le magicien, à l’endroit même du corps où le crucifix a été atteint. C’est une sorte d’envoûtement, comme on voit. On dit aussi que la victime recevait une flèche, sans savoir d’où elle venait.

Combien d’accidents mortels peuvent se produire, dont la cause restant inconnue provient d’un magicien ayant voué son âme au diable ! Dans notre siècle de scepticisme, où la voix infaillible des papes n’est plus écoutée, les lois civiles ne punissent plus de tels forfaits.

Charme pour tuer les enfants avant leur naissance. — Le nommé Stœdelin, du diocèse de Lausanne, le même cité plus haut, confessa avoir tué sept enfants dans le sein de leur mère ; pour commettre ce crime, il avait enterré, sous le seuil de la porte de la maison, une bête sur laquelle il avait fait certaines opérations magiques.

Charme de taciturnité. — Diagramme, le plus souvent tracé sur une bande minuscule de papier d’une extrême minceur, que les sorciers, poursuivis en justice, dissimulaient sous un ongle ou dans une mèche de leurs cheveux. Ce charme leur permettait d’affronter, sans les ressentir, les plus terribles tortures ; tant qu’ils le portaient, ils n’avaient pas à craindre que le moindre aveu sortit de leur bouche. Voilà pourquoi, quand ils niaient leur crime, on les faisait mettre à nu, épiler et raser par tout le corps, afin de découvrir, avec les stigmata diaboli (les signatures du diable), le charme de taciturnité. Sitôt le diagramme découvert et brûlé, les larmes coulaient, et les aveux se produisaient.

Les adversaires du surnaturel diabolique prétendent ne voir dans ces faits si communs au moyen-âge que des cas d’anesthésie hystérique ; mais ils se gardent bien d’expliquer comment l’insensibilité du patient cessait avec la découverte et l’enlèvement du diagramme.

Dans le Grimoire dit du pape Honorius se trouve dévoilé ce secret pour éviter de souffrir à la question : « Avalez un billet où soit écrit ce qui suit, de votre propre sang : Aglas, Aglanos, Algadenas, Imperiequeritis, tria pendent corpora dis meus et gestas in medio et divina potestas dimeas clamator, sed jestas ad astra levatur ; ou bien : Tel, Bel, Quel, Paro, Mon, Aqua. »

10° Charme pour voir les esprits dont l’air est rempli. — « Prenez la