Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par de simples prières et enchantements, détournaient la grêle. » La race diabolique de ces fulguratores n’est pas encore éteinte. L’abbé Bonduel, qui a évangélisé les sauvages Menomonis (Amérique du Nord) a vu, plusieurs fois, lorsque les glaces entravaient le commerce de ces sauvages, un ouragan violent fondre instantanément, à la prière du sorcier, sur le fleuve, et briser une glace de six à huit pieds. M. Duroy de Bruigoac, dont j’ai déjà cité l’excellente étude, Satan et la Magie de nos jours, rapporte ce fait récent : « Un de nos économistes bien connus proféra, dans une partie de plaisir, des paroles d’évocation ; à l’instant même, un ouragan furieux, terrible, éclata comme la foudre. Cela eut lieu devant témoins. »

Chez les Romains, au déclin de la République, les Phrygiens faisaient négoce clandestin de charmes, de philtres et d’amulettes. Ce négoce s’est perpétué pendant tout le moyen-âge, ainsi que le prouvent les innombrables procès de sorcellerie qui remplissent cette époque. Je ne puis ici qu’indiquer sommairement les principaux charmes alors en vogue, et dont on retrouverait encore aujourd’hui des traces dans nos campagnes. Cahagnet, qui a étudié à fond cette matière, dit avec son affreuse logique de sorcier sataniste :

« Il n’est pas besoin d’aller visiter l’Inde et l’Égypte pour étudier ce qui n’a cessé de se faire à côté de nous, ce qu’un simple berger ou pâtre sait aussi bien exécuter que les plus grands sages de l’Orient, qui, par quelques paroles ou quelques signes de croix, me guérira une brûlure ou une entorse. D’autres, avec de simples paroles, n’éteignent-ils pas un incendie ? Ne donnent-ils pas une fièvre ou une maladie quelconque ? Ne peuvent-ils pas faire naître de la vermine, inonder nos demeures de rats, de couleuvres ou de lézards ? soutirer au pipeau ou à la houlette le lait de vos vaches, le vin de vos caves? Ne me font-ils pas voir, dans un simple seau d’eau, les personnes que je désire y voir ? Ne font-ils pas mourir tous les bestiaux de mes étables ? Ne rendent-ils pas stériles toutes mes terres ? Ne rajeunissent-ils pas mes organes affaiblis par la vieillesse, par le secours de quelque philtre ? Ne font-ils pas l’opposé par le nouage de l’aiguillette ?… » Bien des crimes, bien des maux, dont la cause reste inconnue ou inexplicable, ont sans doute leur origine dans l’emploi des charmes ou sortilèges, clandestinement opérés par les adeptes secrets de Satan.

Les principaux charmes en usage dans la magie sont les suivants :

Charme stupéfiant. — Ce charme est célèbre dans les campagnes sous le nom de main de gloire. C’est la main d’un pendu desséchée en plein soleil, puis dans un four chauffé avec de la verveine et de la fougère après qu’on l’a fait macérer quinze jours dans un mélange de zimat, de salpêtre, de sel et de poivre long. On met ensuite dans cette main une chandelle composée de la graisse du même pendu, de cire vierge et de sésame de