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qu’il en répudia la paternité ; mais ce fut pour se décider plus tard à faire publier une lettre de-protestation des plus complètes ; je la reproduirai à sa place chronologique.

À la note du Figaro, M. Jules Bois répliqua dans le Gil-Blas du 13 janvier, en ces termes :

M. Stanislas de Guaita, qui se retranche maintenant derrière de simples préoccupations métaphysiques, prétend que les envoûtements ne sont point son fait.

Eh bien, en voici un qui est très clairement avoué et par lui-même dans son propre livre le Serpent de la Genèse, à la page 477. Cet envoûtement, — le plus terrible, parce qu’il est collectif, — était dirigé depuis longtemps déjà contre l’abbé Boullan, dit le docteur Baptiste, ce vieillard à qui les douleurs et les épreuves de sa vie avaient enlevé bien des forces.

M. Stanislas de Guaita a écrit ceci :

« … Dès le retour de M. Wirth, examen fait des pièces nouvelles, les occultistes, réunis en tribunal d’honneur, prononcèrent la condamnation du docteur Baptiste à l’unanimité des voix (23 mai 1887). Elle lui fut signifiée le lendemain.

« Mais avant de mettre en lumière les œuvres du personnage, on lui laisse tout le temps de s’amender. La condamnation qui resta près de quatre ans suspendue sur cette tête coupable reçoit en ce jour son exécution tardive. »

… Que M. Stanislas de Guaita ne vienne pas nous dire que sa condamnation était une condamnation platonique… La haine inexorable qu’il avait vouée au docteur Boullan, dit Baptiste, haine dont il avait créé le réseau serré et menaçant dans le cœur de tous ses amis, à lui Guaita, cette haine inexorable se resserrait de plus en plus, comme un étau de courroux contre cette victime solitaire…

De cette condamnation il y a l’une de ces trois conclusions à tirer :

1° Ou M. de Guaita a plaisanté… il n’y avait pas de quoi… et je dois dire que ce n’est point son habitude, comme c’est l’habitude de celui qui fut son ami, le baladin à gynandres et à androgynes Péladan ;

2° Ou M. de Guaita est insensé, condamnant quelqu’un en l’air, sans efficacité, sans qu’il y ait une sanction à ses paroles ;

3° Ou M. de Guaita a écrit, en toute connaissance de cause et d’effet, une sentence dont il savait la portée, et dont il pouvait diriger les funestes applications. Condamnant Boullan, il était sûr dans ce cas, de faire exécuter cette condamnation. Et alors, je laisse à mes lecteurs et à lui-même Stanislas de Guaita, le soin de qualifier une aussi cruelle conduite.

… Dans ses conversations, à Paris et à Lyon, le docteur Baptiste témoignait des afflictions que lui causait la haine infatigable de Stanislas de Guaita. Et toutes ses lettres en étaient pleines ; on sentait que pesait sur lui cette volonté persécutrice.

Un ami inconnu m’adresse une longue lettre dont j’extrais ces lignes plus particulièrement intéressantes :

« … Les conversations passées entre le docteur Boullan et moi me sont présentes comme au premier jour, et les accidents, les blessures survenues ou reçues sous mes yeux m’ont laissé un souvenir qui ne s’effacera jamais de ma mémoire… »