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j’allais prendre le train à Saint-Maximin pour partir aux Saintes-Maries, un oiseau est venu me jeter plusieurs cris. Il n’était pas jour. Il était six heures du matin. J’ai dit tout haut, devant quelques personnes : « Ah ! mon Dieu ! une mort que cet oiseau m’annonce. » Et j’ai senti que c’était le pauvre Père. Je repoussais cette inspiration, je ne m’attendais pas qu’elle allait arriver cinq jours après ma rentrée à Lyon. »


« — Ces lettres ont un langage secret, reprit l’auteur de Là-Bas. J’étais à. Lyon, lorsque est parvenue une des lettres de la Rose-Croix, condamnant à mort par les fluides celui qui vient de mourir ; il en est plusieurs que madame Thibault doit avoir conservées.

« Ce que je puis vous dire pour ma part, c’est que Péladan, ce bilboquet du Midi, a tout tenté contre moi avant et surtout après mon roman Là-Bas. Tous les honnêtes gens ont été de mon côté, quand j’ai dévoilé les agissements sataniques des Rose-Croix de Paris ; mais les magiciens noirs me battent chaque nuit le crâne par des coups de poing fluidiques ; mon chat lui-même en est tourmenté ; peu m’importe, je ne les crains pas. Un journal du soir, par un madrigal, m’a avisé que mon protecteur magique étant mort, je risquai fort maintenant d’y passer ; mais ce dont ils ne se doutent pas, c’est que mon vrai, mon unique bouclier a été la sainteté hors d’atteinte de madame Thibault. »

Je ne porte ici, pour ma part, aucune accusation, je crois seulement de mon devoir de relater des faits : l’étrange pressentiment de Boullan, les visions prophétiques de madame Thibault et de M. Misme, ces attaques, paraît-il, indiscutables des rose-croix Wird, Péladan, Guaita contre cet homme qui est mort.

On m’a assuré que M. le marquis de Guaita vit seul et sauvage ; qu’il manie (il se plait à le laisser dire) les poisons avec une grande science et la plus merveilleuse sûreté ; qu’il les volatilise et les dirige dans l’espace : qu’il a même, — M. Paul Adam, M. Édouard Dubus, M. Gary de Lacroze l’ont vu, — un esprit familier enfermé chez lui dans un placard et qui en sort visible sur son ordre.

Ce que je demande sans incriminer qui que ce soit, c’est qu’on éclaircisse les causes de cette mort. Le foie et le cœur par où Boullan fut frappé, voilà les points que les forces astrales pénètrent.

Maintenant que des illustres savants tels que MM. Charcot, Luys et particulièrement de Rochas reconnaissent la puissance des envoûtements, dussé-je, — moi qui suis un adepte de la magie, — braver des fureurs homicides, je veux de pettes explications ; je les veux comme doivent les vouloir MM. Joséphin Péladan, Stanislas de Guaita et Oswald Wird, — afin que leur conscience soit légère ! — (Gil-Blas, du 9 janvier 1893).


Tel est l’article, écrit et signé par M. Jules Bois, occultiste, « adepte de la magie », — ainsi qu’il le proclame, — et cet article, on le reconnaitra, est gravement révélateur, quoique laissant bien des choses dans l’ombre et cherchant (comme tous les écrits d’occultistes) à donner le change sur les puissances surnaturelles auxquelles recourt l’écrivain. M. Jules Bois se rangeant dans le groupe des Vintras, Boullan et Huysmans, ne veut pas laisser soupçonner que sa magie est du satanisme tout aussi bien, mais sous une autre étiquette, que celle des Guaita et Péladan contre qui il fulmine.