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choses, et sont plus malicieux que je ne suis… Sy, m’en laissiez en paix. »

« L’avoué cessa de lui en parler, et le pria seulement de lui garder le secret. Robert d’Artois, ne se trouvant plus en sûreté dans les Pays-Bas, se retira en Angleterre, déguisé en marchand. Là, il se tourna ouvertement contre sa patrie, et prit une part active à la guerre qu’Édouard III déclara à la France. Il mourut en 1342 des suites d’une blessure reçue en combattant contre son pays, et le roi d’Angleterre jura « que jamais n’entendroit à autre chose, tant qu’il n’auroit pas vengé sa mort. »

2° Maléfices employés par le duc d’Orléans contre la personne du roi de France. Extraits du Plaidoyer de Me  Jean Petit pour la justification du duc de Bourgogne, assassin du duc d’Orléans' (Chronique de Monstrelet, 1407).

« La première manière (de machiner la mort ou destruction de son prince) est machiner la mort de sondit prince par maléfices, sortilèges et supersticion. Que feu Louis, duc d’Orléans, ait esté criminel en cette espèce, je le preuve. Car il est vérité, que pour faire mourir la personne du Roy en langueur et par manière si subtile qu’il n’en feust apparence, il fist, par force d’argent et diligence, tant qu’il fixa de quatre personnes, dont l’usne estoit moyne apostat, l’autre chevalier, l’autre escuier, et l’autre varlet. Auxquels il bailla sa propre espée, sa dague et un annel pour dédier et pour consacrer, ou au plus proprement parler, exécrer au nom des dyables… Un dimanche très matin devant soleil levant, sur une montaigne, près de la tour de Monjay, ledit moyne apostat fist plusieurs choses superstitieuses requises à faire telles invocations de dyables emprès un buisson, et en faisant lesdictes invocations se despoulla en sa chemise et se mist à genoulx, et ficha ladicte espée et ladicte dague par les pointes, en terre, et ledict annel mist aussi emprès. Et là, dist plusieurs dépréciations en invoquant les dyables. Et tantost vindrent à lui deux dyables, en forme de deux hommes, vestus ainsi que de brun vert, ce sembloit, dont l’un avoit nom Hérémas et l’autre Estramain. Et lors, leur fist honneur et grande révérence, et si grande comme on pourroit faire à Dieu. Et cellui dyable qui estoit venu pour ledict annel, le print et l’emporta, et se esvanouy. Et cellui qui estoit venu pour ladicte espée et dague, demeura, et puis print icelle espée et dague et s’esvanouy comme l’autre. E tantost après, icellui majue retourna et vint où lesdiz dyables avoient esté, et trouva icelles dague et espée courbées de plat, et trouva que ladicte espée avoit la pointe rompue, et trouva ladicte pointe en la pouldre où le dyable l’avoit mise. Et après, aclendi par espace de demie heure l’autre dyable qui avoi emporté l’annel, lequel retourna et lui bailla ledict annel, qui estoit apparent rouge ainsi que escarlate, comme il sembloit pour l’eure, et lui dist : « C’est fait, mais que tu le mettes en la bouche d’un mort en la manière que tu scéz. »