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suffisait de le fixer avec attention, et, la fascination produite par un grand effort de sa volonté, il y voyait apparaitre l’esprit qu’il désirait évoquer.

M. Léon Delaborde, dans un Voyage en Orient, nous dit qu’il apprit d’un sorcier le moyen de faire voir aux enfants des apparitions magiques dans le creux de leur main à l’aide d’une espèce de vernis noir qu’y verse l’opérateur.

Durant le moyen-âge et jusqu’au seizième siècle, on se servait du miroir magique pour découvrir les voleurs : « Je puis dire, observe Le Loyer, à ce sujet, que ce n’est qu’une fascination du diable qui charme par ses prestiges les yeux de l’esprit pour voir dans le miroir ou dans son ongle l’effigie du larron. » — « J’ai vu, ajoute-t-il, un homme, lequel, par la force de charmes et de paroles, faisait venir divers spectres et images dans un miroir, lesquels, par son commandement, exprimaient en la glace, soit par écrit ou par autres démonstrations el vraies figures, tout ce qu’il voulait savoir, si clairement et manifestement qu’il était facile aux assistants de les reconnaître et discerner ; on oyait je ne sais quelles paroles sacrées qu’il prononçait. »

La carafe d’eau qu’employait Cagliostro n’était qu’une espèce de miroir de ce genre. Avec le magnétisme, les miroirs magiques sont revenus à la mode. Un des plus fervents adeptes de la magie moderne, Cahagnet, en distingue jusqu’à dix espèces différentes, qu’il a toutes expérimentées avec succès, affirme-t-il.

Miroirs Théurgiques, dans lesquels, à l’aide d’un enfant vierge, on évoque l’archange Gabriel ; on pense bien que, si un esprit paraît, ce n’est pas un ange.

Miroir des Sorciers, très connu dans les campagnes : un miroir quelconque ou un simple seau d’eau ; l’évocation est accompagnée d’une conjuration à l’esprit familier.

Miroir de Cagliostro. — Il faisait, comme les sorciers ordinaires, une conjuration mentale à son esprit familier, conjuration qui n’était connue que de lui.

Miroir Du Potet. — Un simple disque noir tracé au charbon sur le parquet Ce miroir mérite une étude spéciale ; j’y reviendrai tout à l’heure.

Miroir Swedenborgien. — J’ai déjà parlé de l’influence du fameux Swedenborg sur les doctrines du satanisme contemporain ; c’est l’esprit même de Swedenborg (?) qui a révélé à Cahagnet la préparation et la confection de son miroir. On prend une certaine quantité de mine de plomb qu’on délaie dans de l’huile d’olive, de manière à en former une pâte assez claire, qu’on expose à un feu doux, pour en faciliter la mixtion ; on verse cette pâte sur une glace ordinaire non étamée, de manière à en couvrir également toutes les parties ; on la laisse sécher quelques jours dans une position horizontale ; après quoi elle est bonne à l’usage. « Je me sers de ce miroir, dit Cahagnet,