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turelle des esprits est quelque chose d’analogue à la révélation directe du Décalogue à Moïse, et à l’écriture merveilleuse tracée sur les murs du roi Balthazar dans Daniel… Le christianisme est impuissant à démontrer expérimentalement la réalité d’un monde surnaturel des causes invisibles. L’absurde crainte des démons a rendu les prêtres et les théologiens orthodoxes inaptes à combattre par la voie expérimentale les matérialistes et les incrédules… L’orthodoxie fait du démon le souverain maître de l’univers, tandis que le bon Dieu est relégué comme un vieux saint suranné et impotent dans une niche de l’univers. L’Église chrétienne est devenue le suppôt de Satan… » (Baron L. de Guldenstubbé, La réalité des Esprits et le phénomène merveilleux de leur écriture directe démontrés.)

« L’Église chrétienne n’a presque jamais prêté attention aux prophètes véritables (magiciens et spirites) ; elle a toujours persécuté les vrais prophètes, amis de Dieu. Les religions positives, avec l’établissement du sacerdoce, ne sont qu’une décadence de l’esprit religieux primitif du spiritualisme… Apollonius de Tyane rattacha de nouveau la terre au ciel… Le christianisme est tombé dans l’idolâtrie avec la théorie de la Trinité, l’invocation des saints, la mariolâtrie, et surtout la démonophobie. Quant à l’Église d’aujourd’hui, elle est ce qu’il y a de plus triste au monde. Les prêtres ne font plus de miracles… L’étude des traditions ne suffit pas ; il faut s’initier dans la science des mages et des voyants ; il faut être versé dans les mystères de la nécromancie et de l’évocation des esprits… L’évocation mentale est l’alphabet du spiritualisme. Quant aux prétendus scrupules religieux qu’on oppose à l’évocation des morts, et qui ne sont nullement fondés sur l’autorité de la Bible, ces objections absurdes ne sont que l’amer fruit de la démonophobie de nos orthodoxes » (Baron de Guldenstubbé, Ibid.)

— « Les phénomènes spirites ont achevé en fait la victoire de l’homme sur la mort et le tombeau : Ô mort ! où est ton aiguillon ? » (Tous les spirites en chœur.)

— « Le catholicisme, religion obscure, avide et cruelle, ennemie de l’activité humaine, adversaire de l’intelligence, négatrice de tout progrès. » (Jules Lermina.)

« Quel est le premier principe ? Les religions officielles nous répondent par un mot : Dieu. C’est la tarte-à-la-crème de toutes les théocraties. » (Jules Lermina.)

Le même Lermina a remplacé Dieu par « le corps astral, manifestation principielle de l’élévation vers les régions supérieures. Linga Sharira, matière comme corps, force comme astralité, pénétration du monde inférieur dans le monde supérieur, principe de l’hominalité, tendant à travers l’astralité vers la spiritualité, etc. » Tout le livre est écrit dans ce style.

— « Le spiritualisme, à l’envisager dans ses résultats, est un culte des plus poétiques ; expansif et lumineux, il ne sait pas avoir d’idées sinistres. » (Jules Lermina.)

Le fragment suivant donnera une idée assez juste du nouveau culte des spirites :

« O tempora, o mores ! Qui donc, à me voir, il y a quelques années, venir tous les dimanches prendre ma place accoutumée dans la vieille église paroissiale, aurait pu deviner qu’un pareil changement se serait fait en moi ! Ce n’est plus à l’église qu’on me trouve maintenant, mais, par invitation spéciale, dans le salon de Mme X***. C’est dans cette sacristie nouvelle que nous attendons l’arrivée solennelle de l’officiant, qui pourtant ne met ni surplis, ni camail, ni rabat. Sans