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en transformant légèrement les termes d’un proverbe vulgaire : « Dis-moi ce que tu enseignes, et je te dirai qui tu es. »

Rien de plus varié, de plus discordant que les doctrines du spiritisme, quand elles essaient d’expliquer scientifiquement les faits surnaturels qu’il attribue à l’intervention des esprits ; depuis l’Od ou fluide odique du baron de Reichenbach et le perisprit d’Allan Kardec jusqu’à la force psychique de M. Crookes et l’astralité de M. Lermina. Ce que j’ai dit du perisprit peut s’appliquer en grande partie à toutes ces hypothèses plus absurdes les unes que les autres, et qui toutes se rapportent au moins en ce point qu’elles tendent au matérialisme, à l’adoration et au culte du dieu-fluide.

Mais nous les voyons concorder avec un admirable ensemble et une unanimité merveilleuse, dès qu’il s’agit de la négation des dogmes catholiques ; de sorte qu’on peut dire en toute certitude que le spiritisme diabolique ou la nécromancie moderne n’a qu’un seul but : l’abolition de la doctrine catholique.

C’est uniquement contre l’Église de Jésus-Christ qu’est braquée cette immense machine infernale à laquelle tous les spirites donnent pour fondement une prétendue doctrine spiritualiste professée dès l’origine du monde par tous les adeptes de la magie, depuis Melchisédech jusqu’à M. Hume. Cette doctrine se décore du nom ronflant de théosophie ou sagesse de Dieu, doctrine qui, d’après eux, s’est perpétuée jusqu’à nous à travers les temps dans les dépositaires privilégiés de la science occulte ou magique.

Je ne saurais passer sous silence, à propos de théosophie, une des grandes-prêtresses contemporaines de cette religion mystérieuse qui a fait tant de dupes dans les deux mondes, et dont les organes se multiplient de plus en plus de nos jours, Mme  Blavatsky. Elle a fondé en Europe et en Amérique la Société dite Théosophique, avec le concours de deux autres femmes, la comtesse d’Adhémar et la duchesse de Pomar. Depuis sa mort, ou sa désincarnation, pour parler la langue spirite, la Société est dirigée par Mme  Annie Besant en Europe, M. Judge en Amérique, et M. Keishtley en Asie.

Voici le portrait que trace de cette extraordinaire cosaque un des plus jeunes apôtres de l’occultisme, M. Jules Bois : « Elle nous apparaissait à la fois fatale, belle et méchante, portant à son front l’auréole noire de l’Anté-Christ, destructrice des dieux, tourmenteuse des consciences et soufflant la folie dans les trompettes de l’énorme et magique sagesse de l’Orient. »

Ce portrait se rapporte parfaitement à la photographie qui a été reproduite plus haut.

« C’est elle, en effet, continue M. Jules Bois, les yeux dilatés, la tête enveloppée dans un fichu noir, le corps empaqueté d’une houppelande sans forme, tenant de la blouse et du manteau d’homme, avec, autour de la taille, une sorte de cordelière monacale. Les cheveux crépus sur le front s’épaississent