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actionnée par hasard, se prit à parler, et accusa l’esprit du guéridon d’imposture ; mais celui-ci persista dans ses dires, et somma la chiffonnière, au nom du Dieu vivant, de démasquer elle-même son hypocrisie. Après une résistance opiniâtre et des soubresauts convulsifs, la chiffonnière s’avoua animée par le démon. La confiance dans le guéridon était presque absolue ; mais Dieu ne permit pas qu’elle durât davantage. Un dimanche, après des résistances, le guéridon dit textuellement : « Je m’ennuie de vous répéter sans cesse des paroles mielleuses que je ne pense pas, et de vous exprimer des sentiments affectueux, lorsque je n’ai pour vous que des sentiments de haine. — Qui es-tu donc ? — L’esprit du mal. — Quel a été ton but ? — De chercher à vous inspirer de la confiance pour mieux vous tromper ensuite. Dieu me force à parler ainsi : l’enfer me réclame, adieu ![1] »

M. Bénézet, dans son curieux livre les Tables tournantes raconte l’autre fait que voici :

Les époux L***, sa fille et son gendre, s’étaient déterminés par ses conseils à laisser leurs expériences des tables. Mais celles-ci les provoquaient à de nouvelles communications par des mouvements, des coups, etc. Un soir que ces coups se faisaient entendre sous la chaise de Mme  L***, celle-ci trempa ses doigts dans l’eau bénite et les secoua sous la chaise. Sa main fut aussitôt saisie et mordue au-dessous de la seconde phalange du pouce, et elle eut de la peine à la retirer. Son mari ne soupçonnait pas d’abord la cause des cris qu’elle poussait ; mais il fut bien plus surpris en voyant sur la chair rouge et enflée l’empreinte d’une double rangée de dents. — Mme  L*** n’était pas encore remise de l’émotion causée par cette attaque inattendue, qu’elle poussa de nouveaux cris, en portant la main à l’épaule droite, et tomba en syncope. Son mari avait beau regarder, il ne voyait rien, la robe même n’éprouvait aucun froissement. Il découvrit l’épaule et y trouva comme une sorte de contusion, de la grandeur d’une pièce de cinq francs ; il vit même quelques gouttes de sang couler. Quand elle eut recouvré ses sens, Mme  L*** se sentit mordre encore, à l’avant-bras et ensuite aux reins, quoique d’une façon moins sensible…

On voit que le démon lâche difficilement sa proie, et de quelles vengeances il serait capable, si Dieu ne lui disait : « Tu n’iras pas plus loin. » On conçoit, en revanche, qu’il ne soit que miel et douceur pour ceux qui, oublieux des avertissements de l’Église et des enseignements de la foi, s’abandonnent à ses suggestions et se font les dociles instruments de son pouvoir.

B. — DOCTRINES DU SPIRITISME.

On peut dire aux spirites, et autres adeptes de la nécromancie moderne,

  1. Alb. Duroy de Bruignac : Satan et la Magie de nos jours.