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« À Boonton, en New-Jersey, j’eus de fréquentes visions d’esprits, amis de personnes qui m’étaient parfaitement étrangères, avec la description de leur physionomie ; les esprits me donnèrent leurs noms, la date du jour où ils quittèrent la terre, et répondirent à toutes les questions qu’il plut aux assistants de leur poser.

« Ces réponses vinrent à moi pendant que j’étais dans un état anormal, c’est-à-dire en un état d’extase, et tout ignorant du milieu naturel qui m’environnait ; mais elles se produisirent avec une facilité d’élocution de beaucoup supérieure, m’a-t-on dit, à celle que j’avais ordinairement dans la transmission immédiate des réponses des esprits aux questions qu’on leur faisait. J’étais alors d’une sensibilité telle, que le son d’une musique sacrée eût provoqué chez moi l’extase, laquelle me mettait toujours en compagnie d’esprits amis, et cela d’une manière aussi palpable que je m’y trouve avec mes amis de ce monde. C’est ainsi que des centaines de personnes se sont convaincues de la vérité de la communion spirituelle et ont senti s’émousser leur scepticisme ; athées, déistes et infidèles furent ainsi amenés à croire à la Providence et à la direction immédiate des esprits. »

Bien plus, Hume se faisait, aux derniers moments de ses adeptes, le ministre de la mort, et cherchait à entretenir dans leur âme, jusqu’au dernier souffle, la foi diabolique à la doctrine spirite.

En voici un exemple que mes lecteurs feront bien de méditer, en songeant au terrible réveil de ces pauvres âmes déçues à leur entrée dans l’autre vie.

« Pendant que j’étais à Lébanon, mon jeune ami, le fils de Mme E***, tomba malade, et je vis l’esprit de son père, que je n’avais jamais connu de ce monde… Il vint à moi, pendant que j’étais seul dans ma chambre, et se tenant debout près de moi, il me dit : « Ezra sera avec moi dans trois semaines ! allez le voir. »

« Je demeurais alors chez un ami, à trois milles de distance du jeune malade : je suivis les prescriptions de l’esprit, et allai voir Ezra, qui, en effet, était dans son lit.

« De concert avec sa sœur, je l’assistai de mes soins jusqu’à sa mort qui arriva le dix-neuvième jour de sa maladie.

« Il avait alors dix-huit ans, et s’était mis, depuis quelques mois, avec mon concours, en rapport avec les manifestations spirituelles ; il était même devenu quelque peu médium, et il recevait parfois des communications, principalement de son père, au moyen des frappements et de l’alphabet.

« Lors de ma première visite durant sa maladie, il me dit, avec le plus grand sang-froid, qu’il était sûr de ne pas en revenir, et qu’il avait été averti par son père, au moyen de petits coups donnés dans son oreiller, que c’était sa dernière maladie… Quelque temps après, il reçut la visite d’un diacre, qui blâma énergiquement toutes ces choses, argumenta avec le jeune moribond,