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Après sa mort, on trouva dans son palais des coffres pleins de têtes et des puits pleins de cadavres. « Je passerai sous silence, dit saint Jean Chrysostome, le fleuve Oronte et les morts immolés pendant la nuit, que l’empereur y cachait, les cadavres amoncelés dans les souterrains et les parties les plus secrètes du palais, et ceux qui pourrissaient dans les puits et les fossés… »

La chute de Julien lui fut en quelque sorte prédite à lui-même par le démon ; ce qui prouve bien que, lorsque le diable pronostique vrai, c’est Dieu qui se sert de lui comme instrument et l’oblige à faire connaître l’avenir.

C’était la veille de sa mort, dans la nuit du 25 au 26 juin. Après quelques moments d’un sommeil inquiet et léger, rapporte Ammien Marcellin (l’un de ses historiens païens), Julien s’était éveillé selon sa coutume pour composer ; car il était encore auteur, même au milieu des soucis d’une guerre où son armée ne trouvait partout devant elle que des ruines. Tandis qu’il méditait profondément sur quelque idée de sa philosophie impie, un démon lui apparut sous la forme d’un fantôme qu’il avait déjà vu à Paris ; cette fois, le fantôme était pâle et défiguré, comme l’apostat l’avoua à ses amis ; ce démon parut sortir de la tente avec un air triste, couvrant sa tête d’un voile. Julien fut effrayé un instant, et, quittant son lit, offrit des sacrifices à ses dieux. On est en droit de penser que le diable était, en effet, navré de savoir par Dieu que celui qui avait juré de détruire le christianisme, et qui y avait employé tous ses efforts, allait mourir le lendemain.

La mort du tyran fut, d’autre part, révélée, par des voix merveilleuses, à plusieurs chrétiens pieux, notamment à Didyme l’aveugle, célèbre docteur d’Alexandrie. Ce jour-là (26 juin), Didyme, étant chez lui très affligé du mal que Julien faisait à l’Église, passa la journée dans le jeûne et la prière, et ne voulut pas même prendre de nourriture. Lorsque la nuit fut venue, il s’endormit sur le siège où il était assis et crut voir des chevaux blancs courir en l’air, montés par des personnages qui criaient : « Dites à Didyme, qu’aujourd’hui, à sept heures, Julien a été tué ; lève-toi, mange et envoie-le dire à l’évêque Athanase. » Didyme remarqua l’heure, le jour, la semaine et le mois, et la révélation se trouva véritable ; car la septième heure de la nuit, comme on comptait autrefois, correspond à notre une heure du matin ou une heure après minuit, qui est exactement celle où l’apostat mourut, en damné.


Mais arrivons à la nécromancie moderne.

La nécromancie ne cessa d’être pratiquée et même enseignée pendant tout le moyen-âge ; de là, cette multitude de légendes, racontant les apparitions de morts venant donner aux vivants des nouvelles de l’autre monde, annoncer un évènement sinistre, ou révéler un crime. De là, ces nombreuses croyances superstitieuses qui se sont perpétuées jusqu’à nos jours dans