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celle-ci, que les morts doivent être ensevelis pour que leurs âmes puissent passer dans le séjour infernal. »

Et le saint évêque établissait ainsi la véritable doctrine de l’Église sur ce sujet des apparitions des âmes des trépassés :

« Les âmes des morts n’interviennent en aucune façon dans les affaires des vivants. Ces apparitions se font par la permission de la Providence divine, selon la profondeur insondable de ses jugements. Si les âmes des morts intervenaient dans les affaires des vivants, quand nous les voyons en songe, elles s’entretiendraient avec nous ; et, pour ne parler que de moi, ma pieuse mère ne passerait pas une nuit sans venir me visiter et causer avec moi, elle qui m’a suivi sur terre et sur mer pour vivre avec moi. Serait-elle donc devenue assez cruelle dans une vie plus heureuse, pour ne point venir, lorsque mon cœur est tourmenté, consoler son triste fils, qu’elle a aimé uniquement, qu’elle n’a jamais voulu voir dans le chagrin ? Si donc nos parents nous ont abandonnés, comment peuvent-ils prendre part à nos soucis, à nos inquiétudes et aux événements de notre vie ? Et si nos parents n’y ont aucune part, quels autres morts sauront ce que nous faisons ou ce que nous souffrons ?… Les âmes des morts sont dans un lieu où elles ne voient pas ce qui arrive aux hommes vivants. Comment verraient-elles donc leurs tombeaux où leurs corps sont ensevelis ou négligés ? » (De curâ pro mortuis, cap. VI.)

Voilà pour les apparitions angéliques accordées par la volonté de Dieu aux fidèles et aux saints. Quant aux apparitions magiques que l’on raconte de l’antiquité païenne, saint Augustin n’était pas moins formel. Réfutant les opinions de Porphyre sur la magie, il établit que tout ce qui s’est fait ou se fait d’extraordinaire en ce genre, par certains tons de voix, par des figures ou des fantômes, est d’ordinaire l’ouvrage du démon ; et qu’en règle générale tout ce qui s’opère de merveilleux et ne se rapporte point au culte du vrai Dieu doit être considéré comme une illusion diabolique. (De civitate Dei, cap. XI, XII.)

Les Pères de l’Église, en professant cette doctrine, s’inspiraient des saintes Écritures. En effet, l’Ancien et le Nouveau Testament renferment un assez grand nombre de ces apparitions, soit divines, soit diaboliques, pour qu’il ne soit pas permis aux fidèles de douter de leur réalité et de la véritable cause qui les a produites.

La plus célèbre des évocations rapportées par l’Ancien Testament est celle du prophète Samuel, racontée au chapitre 28 du 1er  Livre des Rois. Elle rentre à un double titre dans notre sujet : l° parce qu’elle établit l’existence des pratiques magiques au sein même du peuple juif à l’époque de Saül ; et 2° parce qu’elle est souvent invoquée par les spirites de notre temps à l’appui de leurs doctrines sur l’autre monde et l’évocation des esprits. D’autre part, elle a