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« Quand la flamme sera éteinte, on remettra de l’encens sur les charbons, et l’on invoquera Dieu suivant les formules de la religion à laquelle appartenait la personne décédée et suivant les idées qu’elle avait elle-même de Dieu.

« Il faudra, en faisant cette prière, s’identifier à la personne évoquée, parler comme elle parlerait, se croire en quelque sorte elle-même ; puis, après un quart d’heure de silence, lui parler comme si elle était présente, avec affection et avec foi, en la priant de se montrer à nous ; renouveler cette prière mentalement et en couvrant son visage de ses deux mains ; puis, appeler trois fois et à haute voix la personne ; attendre à genoux et les yeux fermés ou couverts pendant quelques minutes, en lui parlant mentalement ; puis, l’appeler trois fois encore d’une voix douce et affectueuse, et ouvrir lentement les yeux.

« Si l’on ne voyait rien, il faudrait renouveler cette expérience l’année suivante, et ainsi jusqu’à trois fois. Il est certain qu’au moins la troisième fois on obtiendra l’apparition désirée ; et, plus elle aura tardé, plus elle sera visible et saisissante de réalité.

« Les évocations de science et d’intelligence se font avec des cérémonies plus solennelles.

« S’il s’agit d’un personnage célèbre, il faut méditer pendant vingt-et-un jours sa vie et ses écrits ; se faire une idée de sa personne, de sa contenance et de sa voix ; lui parler mentalement et s’imaginer ses réponses ; porter sur soi son portrait ou au moins son nom ; s’assujettir à un régime végétal pendant les vingt-et-un jours, et à un jeûne sévère pendant les sept derniers ; puis, construire l’oratoire magique tel que nous l’avons décrit au chapitre XIII de notre Dogme.

« L’oratoire doit être entièrement fermé ; mais, si l’on doit opérer de jour, on peut laisser une étroite ouverture du côté où doit donner le soleil à l’heure de l’évocation, et placer devant cette ouverture un prisme triangulaire, puis devant le prisme un globe de cristal rempli d’eau. Si l’on doit opérer de nuit, on disposera la lampe magique de manière à faire tomber son unique rayon sur la fumée de l’autel.

« Ces préparatifs ont pour but de fournir à l’agent magique des éléments d’une apparence corporelle, et de soulager d’autant la tension de notre imagination, qu’on n’exalterait pas sans danger jusqu’à l’illusion absolue du rêve. On comprend assez, d’ailleurs, qu’un rayon de soleil ou de lampe, diversement coloré, et tombant sur une fumée mobile et irrégulière, ne peut en aucune façon créer une image parfaite.

« Le réchaud du feu sacré doit être au centre de l’oratoire, et l’autel des parfums à peu de distance.

« L’opérateur doit se tourner vers l’orient pour prier, et vers l’occident