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L’ÉPILOGUE.

Mais sans succès. Marquises et duchesses
Eurent leur tour ; puis les attraits bourgeois.
Chacune en vain, à l’épreuve échauffée,
Croit l’emporter ; car la bague était fée,
Et les serrait à les faire crier.
Tout y passa, grisette et chambrière :
Mais n’ayez peur qu’une bague si fière
S’aille élargir pour un doigt roturier.

Le sexe entier, noble ou non, fille ou veuve ,
Hormis Peau-d’Âne, est venu concourir.
« — Et pourquoi donc l’excepter de l’épreuve ?
Dit le bon roi ; qu’on aille la quérir !
Ses officiers y courent au plus vite.
Déjà l’infante attendait leur visite,
Et les suivit, dédaignant leurs bons mots ;
Mais, au palais, quand de cette peau noire
On vit sortir un petit doigt d’ivoire
Qui mit l’anneau sans efforts, que de sots !

« — Oui, c’est bien vous, je vous ai reconnue,
Lui dit le prince, embrassant ses genoux ;
Comme au moment où mes yeux vous ont vue,
Dans votre éclat, de grâce, montrez-vous !
Elle hésitait, incertaine et craintive ;
Mais dans son char soudain la fée arrive :
« — Sans peur, ma fille, acceptez cet époux,
Il vous mérite ! » — Et d’un coup de baguette,
De la princesse elle fit la toilette,
À rendre au ciel tous les astres jaloux.