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DEUXIÈME JOURNÉE.

Plus qu’à ses biens ajoute, ce me semble,
À ses besoins, surtout à ses désirs !…

Peau-d’Âne entend sa voix impérieuse :
Allons, Peau-d’Âne, allons ! tôt, levez-vous !
Pardonnons-lui si, faible et glorieuse,
Elle a cherché le travail le plus doux.
Elle bâtit des châteaux, non de pierre,
Sur une blanche et fragile matière,
Terrain léger, peu coûteux, qui souvent,
Ayant reçu mainte forme nouvelle,
Usé maint bras, vidé mainte cervelle,
Se vend, hélas ! moins cher qu’auparavant.

Qu’à ce trafic parfois l’on s’enrichisse,
C’est un secret qui me surprend toujours.
C’est là pourtant qu’ouvrière novice,
Peau-d’Âne offrit son timide secours,
Tremblant tout bas de se voir rebutée :
Point, elle fut accueillie et fêtée.
— Entrez, dit-on, in nostro corpore ;
À ce métier vous ferez des merveilles,
On en est sûr, rien qu’à voir vos oreilles.
— Ah ! mon habit, que je vous sais de gré !

Elle s’ajuste à ce bât qu’on lui jette ;
Fardeau bien lourd, que pourtant, par bonheur,
La bonne fée allégeait en cachette ;
Travaux forcés, mais du moins, fors l’honneur !
Le jour durant Peau-d’Âne s’évertue,