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LE DRAME.


 » Tandis que la danse folâtre
 » Effeuille sous vos pieds d’albâtre
 » La fleur qui pare vos cheveux.

 » Un jour, l’âme vide et lassée,
 » Le corps avant l’âge affaibli,
 » Vous pleurerez, trop tôt passée,
 » Cette heure, qui fuit balancée
 » Entre le plaisir et l’oubli »

Mais quoi, le jour déjà va remplacer l’aurore !
Objets rians et doux, ne fuyez pas encore :
Ne puis-je à vos plaisirs me mêler une fois ?
À vos chants cadencés ne puis-je unir ma voix ?
Laissez-moi, secouant ma précoce tristesse,
Jeune, me rallier au chœur de la jeunesse ;
Laissez…

Laissez…— Il est trop tard , et la scène a changé ;
Regarde !
Regarde !Je levai mon visage affligé ;
Et je vis ; et voilà ce qui frappa ma vue :
C’était une montagne aride, immense et nue :
Sur ses flancs escarpés, sur son sommet hardi,
Tombaient d’aplomb les feux d’un soleil de midi ;
Et couronnant son front de leur verdure sombre,
De stériles lauriers seuls y jetaient quelque ombre :
La foule, toutefois, ardente à les ravir,
Vers la triste moisson s’efforçait de gravir.
L’un, presqu’au pied du mont, croit en toucher la cîme,