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LAFAYETTE.

Providence de Dieu, surveillante assidue,
Qui prêtes ta lumière à chacun de nos pas,
Qui mesures le vent à la brebis tondue,
Qui soutiens la faiblesse et ne la punis pas,
À tous ces jeunes cœurs, avides de mémoire,
N’est-ce pas toi qui tends cet appât de la gloire,
Comme un hochet bruyant dont leur âge a besoin ?
Car tu sais que pour eux le temps est encor loin,
Où, cessant de chercher un frivole refuge,
On devient à soi seul son témoin et son juge.

Nous, mortels inquiets, dans notre anxiété,
Nous demandons peut-être un progrès trop hâté !
Pour l’attendre avec toi, céleste patience,
L’homme a si peu de temps et si peu de science !
Pardonne !… heureuse encor, si de faibles écrits
Avaient quelque pouvoir sur ces bouillans esprits,
Et si, désabusé d’une vaine chimère,
Chacun d’eux à ma voix croit entendre sa mère !