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LA TOMBE D’UNE JEUNE FILLE.


Qui n’a dit, en baissant une humide paupière
Vers un jeune et doux nom gravé sur quelque pierre :
« Heureux ceux qu’au tombeau leurs mères ont pleurés !
» Ceux qui du faix mortel, dès l’aube délivrés,
» Abandonnent leur âme aux brises éternelles
» Comme le cygne au vent la plume de ses ailes ! »
Mais près du monument, s’il arrive, le soir,
Qu’une femme, en pleurant, vienne à pas lents s’asseoir,
Nous demeurons muets à ce double mystère :
Une tombe d’enfant, un désespoir de mère !
Qu’est-ce donc quand la mort lui lègue en souvenir
Un passé déjà long et tout un avenir !
Pour ce deuil maternel quel langage assez tendre ?
Quel tribut assez pur pour cette jeune cendre ?
Un soupir sympathique, un regard vers les cieux,
Quelques débris de fleurs sur le marbre pieux,
Le fugitif éclat d’une larme qui tombe,
Et tremble suspendue au gazon de la tombe.