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Mais dont parfois la harpe du trouvère
A recueilli les sons mystérieux.
De leurs accents trois fois les airs frémissent ,
Le sol trois fois sous leurs pas mesurés
A tressailli... Les mains se désunissent,
Et par trois fois ces mots sont murmurés :
« Douez l’enfant. » L’une, vive et folâtre,
Touche aussitôt ses petits pieds d’albâtre ;
Deux de ses sœurs s’avancent à la fois,
Et de l’enfant pressent les faibles doigts ;
L’autre effleurait ses lèvres embaumées ;
Une autre encor ses paupières fermées ;
Et la dernière avec un ris vainqueur,
Posa, joyeuse, une main sur son cœur.
Le charme est prêt, la mystique formule
A mots pressés de rangs en rangs circule ;
La harpe vibre, et ses sons fugitifs
Ont éveillé les destins attentifs.


CONJURATION.

L’éclat d’un léger météore
A glissé sur l’azur des cieux ;
Le chant du coq n’a point encore
Troublé l’écho silencieux.
Conjurons les nombres magiques
Que la voix des sorts prophétiques
Va désunir ou marier ;
Conjurons l’ombre et le mystère,
Le feu, l’onde, l’air et la terre,
Et le rameau du coudrier.

Reçois nos dons, jeune mortelle !
Au doux appel des instrument,
Tu verras la grâce fidèle