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« Descends des cieux, heure silencieuse ;
Le front voilé, tu conduis sur tes pas
Le long sommeil, la paix mystérieuse.
Je te salue, heure de mon trépas !
Quel Dieu cruel nous condamne à la vie
Quand le bonheur ne doit pas l’embellir,
Quand aux soucis elle reste asservie,
Quand nous naissons pour pleurer et mourir !
Tel fut mon sort. Ma solitaire enfance
N’a point connu les baisers maternels ;
Un deuil profond désola ma naissance :
Mes jeunes ans, dévoués aux autels,
Se sont enfuis dans l’ombre et le silence.
Tel quelquefois, sous un ciel rigoureux,
Passe sans joie un printemps nébuleux.
Ainsi de vous s’éloignait l’allégresse,
Jours solennels de ma courte jeunesse ;
Un sort lointain, d’une vague terreur,
Troublait ma vie et glaçait ma pensée ;
Et la douleur dans mon âme bercée,
Pour s’éveiller attendait le malheur.
Le malheur tonne, et ce court sommeil cesse ;
Sa froide haleine effeuille ma jeunesse ;
La tombe ouverte attend mes derniers pas ;
Mais son repos est doux à ma misère ;
J’irai dormir à côté de mon père,
Je te salue, heure de mon trépas !

Unique objet de qui j’étais chérie,
Unique amour qu’on permit à mon cœur,
O de mes jours cher et funeste auteur,
Tous mes efforts n’ont pu sauver ta vie !
Ta mort du moins de la mienne est suivie,
Et cet espoir console ma douleur.
O Cœcina ! tes fureurs satisfaites
M’ont vue en vain pleurant à tes genoux,