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Ils unissaient les vapeurs embaumées
Au doux tribut de ces eaux parfumées,
Luxe odorant avec soin épanché
Sur les rameaux dont le sol est jonché.
De ce moment secondant le délice,
L’astre des nuits, voluptueux complice,
Glissant alors à travers les vitraux,
Vint ranimer leurs transparents émaux,
Et colorant le pavé de la chambre
Y refléter l’azur, le pourpre et l’ambre.
Quel œil mortel résiste à ses douceurs,
Quand le sommeil compte pour précurseurs
De doux parfums, des clartés fugitives,
Des mots flatteurs et des notes plaintives ?
Loïse enfin, d’un air timide et doux,
Saisit le luth posé sur ses genoux,
En raffermit la corde détendue,
Des tons divers parcourut l’étendue,
Dans chacun d’eux préludant tour à tour ;
Puis murmura le chant qu’un troubadour,
Pour mieux bercer la beauté qui sommeille,
A sa mémoire a confié la veille.


CHANT.

Dormez, noble dame, dormez !
Les murs gardés font les nuits sans alarmes ;
Laissez veiller vos hardis hommes d’armes,
Et ceux que vos yeux ont charmés.

Ah ! si le comte de Montfort,
Le champion de l’Église de France,
De ses bannerets le plus fort ;
De nos preux la meilleure lance,
Contre ce châtel, quelques jours,