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Celle qui réveilla la lyre lesbienne
Inconnue à nos bords !

Chants d’amour, purs accents dignes du siècle antique,
Mélodieux soupirs, chers au sacré vallon,
Contre le temps ingrat votre pouvoir magique
Protégera son nom !

Mais que lui fait la gloire, autrefois son idole ?
Sans doute elle dédaigne en un séjour plus beau
Ce bien, le seul pourtant, de ce monde frivole,
Qui nous suive au tombeau.

Le seul ! ah, qu’ai-je dit ! l’amitié plus puissante
Sur les hôtes du ciel conserve encor ses droits ;
Et peut-être, parmi la foule gémissante,
Tu reconnais ma voix.

Eh bien, tu l’as voulu, j’ai rempli ma promesse,
J’ai chanté ; dans mon sein étouffant mes soupirs,
Retenant mes sanglots, j’immolai ma tristesse
A tes derniers désirs…

Maintenant laissez-moi dans l’ombre et le mystère
Fleurer les doux avis dont l’espoir m’animait,
L’accueil accoutumé, la voix qui m’était chère,
Et le cœur qui m’aimait ;

Heureuse de pouvoir, dans ma douleur profonde,
Sur sa tombe en secret déposer quelques fleurs,
La regretter tout bas, et dérober au monde
Des yeux mouillés de pleurs !