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Hélas ! en exhalant ma promesse timide,
Un sourire peut-être en a suivi l’essor,
Tant ce malheur si prompt, tant cette mort rapide
Paraissait loin encor !

Pleurs, cessez de couler ; un solennel office
Enchaîne ma douleur aux pompes du cercueil :
Sa tombe attend de moi le dernier sacrifice
Et les hymnes du deuil.

Belle âme, que trop tôt le sort nous a ravie,
D’un culte universel n’as-tu pas tressailli,
Toi, qui, de tous les maux, fruits amers de la vie,
Ne craignais que l’oubli ?

Du volage public l’indifférent silence
Te fit douter parfois de ton noble avenir :
Mais tu meurs, et ce jour aux fastes de la France
Inscrit ton souvenir.

Comme un juge indolent, si la foule sommeille,
Aux bruits des chants rivaux qui s’élèvent en chœurs,
A la fin du combat sa justice s’éveille
Pour nommer les vainqueurs.

Son arrêt sur ton front a posé la couronne.
Le poétique essaim de tes succès épris
Contemple avec respect l’éclat qui t’environne,
Et te cède le prix.

Qui pourrait y prétendre, et d’une main avide
Ravir à ton cercueil ces lauriers éclatans ?
Qui s’oserait asseoir à cette place vide
Où tu régnas long-temps ?

Ah ! que ce rang suprême à jamais t’appartienne !
Quel Français oublîra, pour de nouveaux accords,