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SUR LA MORT DE MADAME DUFRÉNOY


 
And the tear that we shed, tho’ in secret it rolls,
Shall long keep his memory green in our souls.
TH. MOORE.

Et les larmes que nous versons, quoiqu’elles coulent en secret,
entretiendront long-temps sa mémoire vivante dans nos âmes.





Une brise inconnue a passé sur la lyre,
La lyre lui répond par un lugubre accord,
Et de vagues terreurs tout bas semblent me dire :
C’est un souffle de mort !

Je vois sur l’Hélicon un long crêpe s’étendre ;
De ses harpes en deuil les gémissantes voix
S’élèvent, et le nom que je tremblais d’entendre
A retenti deux fois.

Je ne le pouvais croire ! Il est donc vrai, c’est elle,
C’est elle qui nous fuit, c’est elle que je perds !
Cessez, fils d’Apollon, cette plainte fidèle,
Et ces pieux concerts.

Non, non, ce n’est pas vous, c’est moi qu’elle a nommée ;
La crédule amitié l’aveuglait dans son choix ;
C’est à mes faibles chants que de sa renommée
Elle a légué le poids.