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Et la voûte immense des cieux ?
Ce n’est qu’au sein des airs que leur vol se balance ;
Au seul écho des bois appartient leur chanson.
Hélas ! votre avare clémence
N’a fait qu’agrandir leur prison !

Eh ! qu’aviez-vous besoin de peupler vos églises
Des emblèmes vivants de ces vieilles franchises
Qu’au jour du nouveau règne imploraient vos aïeux ?
Quand les temps sont changés, qu’importe à ma patrie
Des mœurs qui ne sont plus la vaine allégorie !
Elle a des biens plus précieux,
Et c’est la Vérité qui plait seule à ses yeux !
Vous que scellent encor les vengeances royales,
Levez-vous, lourds barreaux ; tombez, grilles fatales,
Qu’un pardon descende sur vous :
Si de la Liberté nous invoquons l’image,
Les cachots dépeuplés lui rendront un hommage
Digne d’elle et digne de nous !…

Mais d’où naît ton audace, ô toi, lyre timide ?
Pourquoi t’abandonner à son élan rapide ?
Tu t’élèves, semblable à cet enfant des mers
Qui d’un vol merveilleux tout à coup fend les airs ;
Dans la plaine éthérée, à sa race étrangère,
Il déploie un moment sa force passagère ;
Mais du souple tissu qui soutient ses efforts
Si le jour a séché les humides ressorts,
Du transfuge des eaux alors la chute est prompte,
Et l’élément natal ensevelit sa honte.
Pourquoi veux-tu braver le sort qui t’est promis ?
Lyre, reviens aux chants qui seuls te sont permis…

Dormez, dormez, frêles victimes
Des royales solennités ;
Vous qui, des bois touffus abandonnant les cimes,
Vîntes mourir dans nos cités,,