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Le bruit confus du peuple enfermé dans ces lieux,
Les vifs reflets de l’or, tout accroît leur vertige :
Déjà le faible essaim en tournoyant voltige ;
Égarés, éblouis aux flambeaux de l’autel,
Ils cèdent par degrés à cet éclat mortel,
Imprudents ! c’en est fait, leur aile est consumée !
Ils tombent sur les fleurs dont la terre est semée,
Et leur corps palpitant, tout près de s’assoupir,
Aux joyeuses clameurs mêle un dernier soupir !….
— Mais qu’importe un soupir ? sans l’entendre la foule
Sous l’antique portail à flots bruyants s’écoule…
Moi seule je demeure, et consacre tout bas
Les sons d’un luth obscur à cet obscur trépas.

Dormez, dormez, frêles victimes
Des royales solennités.
Tandis que ces chœurs unanimes,
Écho des hautes vanités,
S’élancent des harpes sublimes,
Ma lyre veille à vos côtés.

Innocents Passereaux, et vous, blanches Colombes,
L’universelle joie, hélas ! creuse vos tombes :
Faut-il qu’un deuil se mêle aux plaisirs des mortels !
N’ont-ils point prodigué dans leur fête chérie
Le luxe et ses trésors, les arts et leur féerie,
Et la pompe de nos autels ?
Pourquoi donc à leurs jeux les immoler encore
Ces chantres des bosquets, charme de nos loisirs,
Qu’un souffle du Seigneur dans les airs fit éclore
Pour l’honorer par leurs plaisirs ?

Pourquoi les retenir sous la voûte gothique ?
Leurs cris retentissant de portique en portique
Devaient-ils réveiller l’écho religieux ?
Que ne leur rendiez-vous de leurs forêts natives
Les cintres verdoyants, les mouvantes ogives,