Leur front s’appesantit, leur épaule s’incline,
Sous le bandeau de comte ou le manteau ducal.
Des insignes royaux doublant le faix suprême,
Et fidèle à la majesté,
Il effleure en passant le monarque lui-même
Esclave de sa dignité.
A son souffle glacé, le long des galeries,
Comme ces fleurs d’un jour dans nos salons flétries,
Se décolore la Beauté :
L’éclat pompeux des pierreries,
Le poids des lourdes broderies,
Enchaînent sa légèreté ;
Son inquiète oisiveté
Accusant les heures tardives,
Sur les pas de la Liberté,
Voit s’enfuir les Grâces craintives.
La Liberté ! bientôt vous pourrez l’espérer,
Tristes oiseaux ! voyez, réduits à l’implorer,
Tous ces volontaires esclaves,
Dont un piège flatteur ou de brillants appâts,
Dans cette cage immense ont attiré les pas !
Pressés de s’affranchir, ils invoquent tout bas
L’instant qui rompra vos entraves ;
Le voici !… mille cris s’élèvent à la fois.
Le canon fait gronder sa formidable voix ;
La cloche livre aux vents ses bruyantes volées,
Et soudain, dans les airs, les cohortes ailées
Cherchent d’un libre essor la céleste clarté :
Du bonheur des oiseaux elle est l’avant-courrière ;
C’est pour trouver la liberté
Qu’ils s’élancent vers la lumière.
Mais des vitraux sacrés le jour mystérieux
Déguise ce vrai jour que réclamaient leurs yeux ;
Mais les mille clartés de ces fêtes pompeuses
Abusent leurs regards par des lueurs trompeuses ;
La vapeur de l’encens, les chants religieux,
Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/71
Cette page n’a pas encore été corrigée