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D’où vient que l’âme humaine est ainsi disposée,
Que jamais ses regards troublés et mécontents
N’ont pu s’accoutumer à la marche du temps ?
Sur l’éternel chemin, chaque borne posée
Nous attriste. D’où vient ? je ne sais ; mais toujours
Le vertige nous prend à voir couler nos jours :
Si vous reparcourez l’enclos où votre enfance
Aspirait l’existence et l’air par tous les sens ;
Si quelque ancien portrait de votre adolescence
Vous regarde et vous rit d’un rire de quinze ans ;
Du bouquet nuptial si la fleur conservée
Un jour sous votre main tout à coup s’est trouvée,
Que d’amertume, hélas ! dans ce legs du passé,
Vestige qu’en fuyant son pied nous a laissé !
Et qu’est-ce donc, quand l’art sous sa forme savante
Enferma les pensers qu’en notre âme il a lus,
De retrouver, nous morts, notre image vivante,