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Où les vents à son deuil mêlent un long soupir,
Et les feuilles des bois, aux premières gelées,
En légers tourbillons dans les airs envolées.
Vagues émotions, doux et rêveurs loisirs,
Le poète chérit vos innocents plaisirs !
C’est alors que parfois, au souffle de la muse,
Apparaît tout à coup une image confuse ;
Sa beauté, par degrés dévoilée à nos yeux,
Se revêt mollement d’un vers harmonieux,
Et la rime bientôt, sonore et cadencée,
S’éveille, et sans effort s’enchaîne à la pensée.
Qu’il est doux de sentir le mètre obéissant
Environner, saisir, presser d’un mot puissant
Un son parti du cœur, une note attendue,
Mais que, l’oreille encor n’avait pas entendue !
Jeune fille, à ces mots tu souris, je le vois ;
Sans plier ton esprit à de bizarres lois,
D’un langage inspiré tu connaîtras l’ivresse :
De poétiques fleurs couronnent ta jeunesse,
Mais une main plus chère a su te les cueillir :
Des travaux paternels tu peux t’enorgueillir.
Toi qui des monts d’Ecosse as gardé la mémoire,
Et du lutin d’Argail sais la touchante histoire,
Le charme des succès ne t’est point étranger ;
Mais tu l’auras goûté sans peine et sans danger.