Tous les travaux, les repas, les loisirs ?
Tu peux alors accorder à ta lyre
Quelques instans ravis à tes plaisirs.
Le rossignol élève sa voix pure,
Mais dans le nid du nocturne chanteur
Est le repos, l’abri, la nourriture….
Femme, crois-moi, je conduis au bonheur.
LA MÈRE.
Revenez, revenez, songes de ma jeunesse ;
Éclatez, nobles chants ; lyre, réveillez-vous !
Je puis forcer la gloire à tenir sa promesse ;
Recueillis pour mon fils ses lauriers seront doux.
Oui, je veux à ses pas aplanir la carrière,
A son nom, jeune encor, offrir l’appui du mien,
Tour le conduire au but y toucher la première,
Et tenter l’avenir pour assurer le sien.
L’ANGE.
Vois ce berceau, ton enfant y repose ;
Tes chants hardis vont troubler son sommeil,
T’éloignes-tu ? ton absence l’expose
A te chercher en vain à son réveil.
Si tu frémis pour son naissant voyagé,
De sa jeune âme exerce la vigueur :
Voilà ton but, ton espoir, ton ouvrage.
Mère, crois-moi, je conduis au bonheur.
LA VIEILLE FEMME.
L’hiver sur mes cheveux étend sa main glacée ;
Il est donc vrai ! mes vœux n’ont pu vous arrêter,
Jours rapides ! et vous, pourquoi donc me quitter,
Rêves harmonieux qu’enfantait ma pensée ?
Hélas ! sans la toucher, j’ai laissé se flétrir
La palme qui m’offrait un verdoyant feuillage,
Et ce feu, qu’attendait le phare du rivage,
Dans un foyer obscur je l’ai laissé mourir.
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