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Jouis des biens que le ciel fit pour toi :
Aux doux ébats de l’innocente joie
N’oppose plus un front triste et rêveur ;
Sous l’œil de Dieu suis ta riante voie,
Enfant, crois-moi, je conduis au bonheur.


LA JEUNE FILLE.

Quel immense horizon devant moi se révèle !
A mes regards ravis que la nature est belle !
Tout ce que sent mon âme, ou qu’embrassent mes yeux
S’exhale de ma bouche en sons mélodieux !
Où courent ces rivaux armés du luth sonore ?
Dans cette arène il est quelques places encore ;
Ne puis-je, à leurs côtés me frayant un chemin,
M’élancer seule, libre, et ma lyre à la main ?


L’ANGE.

Seule couronne à ton front destinée,
Déjà blanchit la fleur de l’oranger ;
D’un saint devoir doucement enchaînée,
Que ferais-tu d’un espoir mensonger ?
Loin des sentiers dont ma main te repousse,
Ne pleure pas un dangereux honneur,
Suis une route et plus humble et plus douce.
Vierge, crois-moi, je conduis au bonheur.


LA FEMME.

O laissez-moi charmer les heures solitaires ;
Sur ce luth ignoré laissez errer mes doigts,
Laissez naître et mourir ses notes passagères
Comme les sons plaintifs d’un écho dans les bois.
Je ne demande rien aux brillâmes demeures,
Des plaisirs fastueux inconstant univers ;
Loin du monde et du bruit laissez couler mes heures
Avec ces doux accords à mon repos si chers.


L’ANGE.

As-tu réglé dans ton modeste empire